Une vaste enquête menée par 17 médias a récemment démontré que des centaines de journalistes, de personnalités politiques, ou encore de militants, ont été la cible du Projet Pegasus (un logiciel espion fabriqué par NSO Group et géré par une dizaine de gouvernements à travers le monde). Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête sur l’espionnage de deux journalistes de Mediapart, Lénaïg Bredoux et Edwy Plenel.

Edwy Plenel et Lénaïg Bredoux dans le viseur des services de renseignement marocains ?

Le média français a déposé plainte lundi 19 juillet à propos de l’espionnage très probable de deux journalistes de la rédaction. Dans un article publié le même jour, Mediapart écrivait que : « les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel, co-fondateur du site, figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés en utilisant le logiciel espion fourni par la société israélienne NSO ». Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour une dizaine d’infractions liées à « l’atteinte à la vie privée ».

Officiellement, Pegasus est un logiciel espion qui permet d’aider les services de renseignement d’une dizaine de pays à : « lutter contre la criminalité et le terrorisme ». D’après Le Monde, cette technologie très puissante est capable de pénétrer à distance n’importe quel smartphone. Le logiciel est en mesure d’exploiter les failles des systèmes d’exploitation iOS et Android. C’est justement cela qui complique la tâche des enquêteurs et des spécialistes en cybersécurité. Les victimes n’ont pas besoin de cliquer sur un lien pour être infectées… De plus, le logiciel est totalement invisible aux yeux de sa victime.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris

Le parquet de Paris précise que l’enquête va être confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. Le Projet Pegasus a été créé par la société israélienne NSO Group, qui vend son logiciel aux États du monde qui le réclament. Grâce à ce logiciel, les commanditaires peuvent télécharger l’intégralité du contenu qui se trouve sur un smartphone ou sur un ordinateur : messages, photos, et même écouter les appels passés. L’enquête a déjà permis de démontrer qu’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise de différents pays, ont été espionnés

En 2020, le FBI avait déjà lancé une enquête à l’encontre de la société israélienne. Dominique Simonnot, une ancienne collaboratrice du Canard enchaîné, a également été visée. Elle dit vouloir saisir personnellement la justice. Le Projet Pegasus a suscité l’indignation à travers le monde, notamment dans l’écosystème des médias. Pendant ce temps, NSO Group continue de certifier que son logiciel ne sert « qu’à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes ». La société annonce vouloir porter plainte pour diffamation.