Si Blue Origin s’apprête à réaliser son tout premier vol habité avec Jeff Bezos à son bord, il ne s’agit que d’une étape minime par rapport aux ambitions de la firme qui souhaite devenir l’un des acteurs majeurs du spatial… à l’instar d’un certain SpaceX.

Un premier vol habité

Fondée en 2000 par Jeff Bezos, Blue Origin a très grandement été financée par ce dernier, qui n’a pas hésité à vendre annuellement l’équivalent d’1 milliard de dollars d’actions chez Amazon pour développer son entreprise spatiale. Ce mardi 20 juin, la firme va passer la vitesse supérieure avec le premier vol habité de son histoire et de sa fusée réutilisable New Shepard, spécialement pensée pour le tourisme spatial.

Le vol s’effectuera avec quatre passagers, dont Jeff Bezos et son frère, et devrait durer 11 minutes au total. Le fondateur d’Amazon ne sera toutefois pas le premier milliardaire à se rendre dans l’espace grâce à sa propre entreprise. Il a en effet été devancé, de seulement quelques jours, par Richard Branson et Virgin Galactic.

Ce ne sera pas l’unique vol dans le secteur du tourisme spatial pour Blue Origin cette année, puisque deux supplémentaires sont d’ores et déjà programmés.

La rivale SpaceX déjà bien en place

Bien qu’il soit en plein essor, le tourisme spatial n’est pas le seul domaine dans lequel Blue Origin veut prospérer. « L’objectif est de devenir une entreprise comme SpaceX, Boeing ou Lockheed Martin », explique John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute de l’université George Washington.

Dans cette optique, la firme de Bezos développe actuellement un moteur de fusée pour la United Launch Alliances, qui lance des satellites pour le compte du Pentagone et des agences d’espionnage américaines. Elle travaille également sur New Glenn, son prochain lanceur lourd qui aura une importante capacité de charge utile.

Si ces efforts sont à saluer, il est évident que Blue Origin est, pour le moment, en train de perdre la course face à son principal concurrent : SpaceX. L’entreprise d’Elon Musk a déjà lancé quelque 23 fusées cette année (Blue Origin en a lancé 9 depuis 2017). Par ailleurs, SpaceX a déjà obtenu de nombreux partenariats avec le Pentagone et la NASA, pour laquelle elle achemine des astronautes jusqu’à l’ISS, et va, en plus de cela, aussi opérer dans le secteur du tourisme spatial.

L’alunisseur du programme Artemis, le nerf de la guerre ?

Il reste cependant un espoir pour Blue Origin de surpasser sa concurrente. En effet, tandis que la NASA a choisi SpaceX pour développer l’alunisseur du programme Artemis, ce contrat a été suspendu suite aux protestations de l’entreprise de Jeff Bezos. Il est ainsi probable que l’agence spatiale américaine lance un nouvel appel d’offres, permettant à Blue Origin et à son vaisseau Blue Moon de se distinguer.

Cela serait une immense victoire pour la firme, qui espère obtenir davantage de contrats auprès du gouvernement pour générer des revenus et venir se frotter à la surpuissante SpaceX dans le secteur du spatial privé.