L’administration chinoise du cyberespace (CAC) a publié, le 10 juillet 2021, une « Mesure d’examen de la cybersécurité », rapporte Reuters. Cette dernière, soumise à l’avis de la population jusqu’à la fin du mois, vise à mener un examen de sécurité sur les entreprises chinoises souhaitant s’introduire en bourse à l’étranger. 

Didi, cobaye d’une nouvelle législation sur l’introduction en bourse ?

Ce nouveau règlement vise essentiellement les plateformes numériques de l’Empire du Milieu. L’examen de sécurité concernera seulement les entreprises disposant de données sur plus d’un million d’utilisateurs. L’objectif de la règle est de s’assurer que ces données ne soient ni affectées ni contrôlées ou manipuler par un gouvernement étranger après la cotation en bourse. 

La publication intervient après les multiples sanctions prises par la Chine contre la plateforme Didi Chuxing, un équivalent d’Uber. Suite à son introduction en bourse à New York, les mesures de rétorsion se sont accumulées contre l’entreprise de l’autre côté du Pacifique au prétexte de la protection des données.

Les entreprises concernées devront, en plus de l’examen, soumettre les documents relatifs à l’introduction en bourse qu’elles doivent déposer. Le délai d’enquête en cas de litige sera également prolongé de 45 jours à 3 mois. 

Une volonté de protéger les données dans un contexte de rivalité avec les États-Unis

Cet avis est dans la lignée de la nouvelle politique chinoise plus stricte sur la gestion des données, et plus largement sur le contrôle accentué des plateformes numériques locales. Il s’insère dans l’entrée en vigueur de deux lois, la Loi sur la sécurité des données qui vise le stockage, et la Loi sur la protection des informations personnelles sur la confidentialité. 

Certaines précisions démontrent l’influence du contexte de tension entre la Chine et les États-Unis sur le numérique. Il est dit explicitement que l’examen sur l’introduction en bourse portera sur le « risque d’interruption de la chaîne d’approvisionnement en raison de facteurs politiques, diplomatiques, commerciaux et autres ». Ainsi que du risque d’utilisation malveillante des données. 

Au-delà de la simple protection des utilisateurs, il s’agit également de protéger les données chinoises des États-Unis. L’objectif pourrait également être très prosaïque. En 2020, Engadget rappelle que les entreprises chinoises ont levé 11,7 milliards de dollars aux États-Unis via une trentaine d’introductions en bourse. Le nombre d’introductions en bourse d’entreprise chinoise aux États-Unis s’annonce plus important encore en 2021. En multipliant les règlements, la Chine pourrait espérer inciter ses entreprises à s’introduire en bourse sur le marché local.