L’introduction en bourse représente la consécration pour une entreprise. Pour ByteDance, ce moment pourrait arriver plus tard que prévu. Selon le Wall Street Journal, la firme envisageait une introduction en bourse aux États-Unis ou à Hong Kong. Or, en mars dernier, elle aurait mis entre parenthèses son intention de s’inscrire à l’étranger. En cause, les mesures chinoises qui sont de plus en plus strictes.

ByteDance est également dans le viseur des autorités chinoises

Depuis le mois de novembre 2020, les autorités chinoises ont renforcé la répression à l’encontre des entreprises de la Tech du pays. Non seulement elles ont introduit de nouvelles mesures antitrust, mais elles s’en sont également prises aux sociétés de Jack Ma. En effet, Alibaba s’est vu infliger une amende de 2,3 milliards d’euros pour pratiques anticoncurrentielles. De son côté, la fintech Ant Group a dû se restructurer en holding financière, tout en se soumettant aux mêmes réglementations que les banques chinoises. En cause, le fait que le gouvernement de l’Empire du Milieu craint les risques systémiques que fait courir le secteur de la Tech à l’endettement du pays.

Ainsi, l’étau se resserre autour de toutes les entreprises chinoises, et ByteDance pourrait ne pas être épargnée. Lors d’un énième tour de table fin 2020, la firme envisageait de s’introduire en bourse, ont révélé des proches de l’affaire au Wall Street Journal. Lors de plusieurs réunions avec la Cyberespace Administration of China (CAC), les régulateurs chinois ont demandé à Zhang Yiming, fondateur de ByteDance, de se concentrer sur la gestion des risques liés à la sécurité des données. D’autres problèmes auraient également été évoqués, mais n’ont pas été précisés.

Cette approche prudente contraste avec celle de Didi Chuxing, qui avait reçu les mêmes avertissements que la maison mère de TikTok. En effet, Didi avait choisi de poursuivre ses intentions d’introduction en bourse aux États-Unis, mais en a rapidement subi les conséquences. Récemment, plusieurs de ses applications ont été supprimées des plateformes de téléchargement chinoises. Par ailleurs, la CAC a publié une “Mesure d’examen de la cybersécurité” qui vise à mener un examen de la gestion des données des sociétés chinoises voulant s’introduire en bourse à l’étranger.

Outre les répressions contre les monopoles, les régulateurs de l’Empire du Milieu imposent également de nouvelles règles concernant la collecte de données pour, selon eux, protéger les intérêts des consommateurs. Or, ce n’est pas la seule raison. “Ils craignent que les données collectées par les entreprises technologiques chinoises ne soient compromises, en raison de la plus grande divulgation associée à une cotation aux États-Unis”, explique le Wall Street Journal.

L’année dernière, ByteDance avait également subi la pression des régulateurs américains. L’administration de Donald Trump craignait que les données collectées par TikTok soient partagées avec le gouvernement chinois et souhaitait l’interdire. Par la suite, Joe Biden a révoqué trois des décrets de l’ancien président, pour en instaurer un nouveau, plus sévère. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine pourrait donc perdurer, avec ByteDance entre les deux.