Nouveau rebondissement dans l’affaire Meng Wanzhou. Heather Holmes, juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a refusé l’admission de nouvelles preuves reçues de HSBC dans l’affaire de l’extradition aux États-Unis de la directrice financière de Huawei. Les motifs de la décision seront communiqués dans les prochains jours, a annoncé la juge le vendredi 9 juillet.

L’affaire Meng Wanzhou a débuté en 2018

Pour rappel, la femme d’affaires chinoise a été arrêtée en décembre 2018 à Vancouver sur la base d’un mandat américain. Les États-Unis ont alors demandé son extradition pour deux raisons. Tout d’abord, elle est accusée d’avoir violé les sanctions américaines contre l’Iran en travaillant avec le pays par le biais de la société-écran Skycom, détenue par Huawei. Selon les États-Unis, 100 millions de dollars de transactions liés à Skycom ont transité sur leur territoire entre 2010 et 2014. Il est également reproché à la directrice financière d’avoir induit HSBC en erreur.

Le gouvernement américain affirme que la société chinoise a omis d’indiquer qu’elle travaillait en Iran par le biais de sa société-écran lors d’une réunion avec son partenaire HSBC. La banque a alors donné des informations à la justice américaine sans les communiquer à Huawei, ce qui a été vivement critiqué par la Chine.

Les documents de la défense de Meng Wanzhou rejetés par une juge canadienne

Depuis plusieurs mois, les avocats de Meng Wanzhou tentent de mettre la main sur les précieux documents qui la feront innocenter. Une première tentative au Royaume-Uni s’est soldée par un échec. Huawei a poursuivi son offensive à Hong Kong auprès de HSBC, avec qui la société a conclu un accord à l’amiable, mais avec une clause de confidentialité.

Fin juin, nouvel épisode dans l’affaire. Les avocats de Huawei affirment dans des e-mails échangés avec la banque que les États-Unis n’ont aucun motif pour extrader Meng Wanzhou. Leur but est de persuader le gouvernement canadien d’accepter de nouvelles preuves, et ainsi de bloquer son extradition. Parmi elles, des mails et des documents bancaires prouvant que HSBC connaissait les activités iraniennes de Skycom.

Par ailleurs, les procureurs américains ont remis un dossier à la justice canadienne afin de justifier l’arrestation de la directrice financière. Or, les avocats de cette dernière affirment que les informations récoltées n’apportent pas une description exacte de ce que savait HSBC sur la participation de Huawei dans la firme Skycom.

De leur côté, les avocats du procureur général du Canada ont demandé au tribunal de rejeter la demande de Meng Wanzhou d’apporter de nouvelles preuves lors de l’audition d’extradition. En cause, le fait que ces informations sont plus appropriées pour son procès pour fraude prévu aux États-Unis, ont-ils indiqué. L’audience finale pour extradition aura donc lieu, comme prévu, le 3 août 2021.

Les relations entre la Chine et les États-Unis se détériorent

Huawei Canada a déclaré respecter la décision de la Cour Suprême de la Colombie-Britannique, tout en réaffirmant que les informations soumises auraient pu faire basculer l’affaire. “Ces nouveaux documents établissent clairement que HSBC, notamment ses hauts dirigeants, était au courant des activités d’affaires qu’entretenait Skycom avec Huawei en Iran. Ils établissent qu’on ne peut manifestement pas faire confiance au dossier d’instruction, ni aux dossiers supplémentaires qu’ont soumis les États-Unis”, a écrit l’entreprise.

Les avocats de Meng Wanzhou estiment que ces documents montrent qu’elle n’a pas induit HSBC en erreur concernant les liens entre Huawei et une firme iranienne. La société chinoise considère largement cette affaire comme faisant partie d’une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, déclenchée par l’ancien président américain Donald Trump.