Le 5 juillet 2021, l’annonce du rachat du plus grand producteur britannique de puces Newport Wafer Fab par une société néerlandaise contrôlée par le groupe chinois Wingtech avait suscité quelques remous outre-Manche. Le gouvernement gallois, où se trouve l’usine, s’était félicité de la nouvelle, synonyme de sauvegarde d’emploi, et le gouvernement britannique avait simplement déclaré se montrer attentif à la question. Une attention plus sérieuse deux jours plus tard, sous la pression de l’opposition.
L’approvisionnement en puces devient un enjeu géopolitique
L’opposition travailliste a reproché au gouvernement sa passivité dès le 6 juillet, le sommant d’utiliser « ses pouvoirs en vertu de la loi sur la sécurité nationale [adoptée en avril] et l’investissement pour examiner de toute urgence ce rachat » rapporte le Guardian.
Avec la pénurie de puces appelée à durer jusqu’en 2023, posséder ses propres moyens de production au sein de ses frontières est devenu un enjeu géopolitique aux États-Unis, en Chine, dans l’Union européenne… et au Royaume-Uni.
En avril, la possibilité du rachat du concepteur de puces ARM par l’entreprise américaine Nvidia avait déjà provoqué le lancement d’une enquête en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Boris Johnson a fini par demander à son conseiller en matière de sécurité nationale d’examiner le rachat de Newport Wafer Fab.
Le Premier ministre britannique refuse de céder à un « esprit anti-chinois »
Il a déclaré aux députés du comité de liaison du Parlement : « Je pense que les semi-conducteurs sont d’une importance capitale pour notre pays, et l’une des choses que j’ai voulu examiner immédiatement lorsque je suis devenu Premier ministre était de savoir si nous pouvions devenir plus autonomes. » Il a ajouté que « nous devons juger si ce qu’ils fabriquent présente une réelle valeur de propriété intellectuelle et un intérêt pour la Chine, et s’il y a de réelles implications en matière de sécurité ».
Le Premier ministre a cependant bien précisé que ce n’est pas parce que le groupe Wingtech était chinois que la procédure était enclenchée, mais parce que les puces représentent un secteur stratégique. Il a précisé qu’il ne voulait pas « que l’esprit anti-chinois nous conduise à essayer de faire disparaître à coups de fourche, de subvertir tout investissement de la Chine dans ce pays ».