À la demande du gouvernement chinois, WeChat, le plus populaire des services de médias sociaux dans l’Empire du Milieu, aurait supprimé des dizaines de comptes centrés sur les sujets LGBT et gérés par des étudiants ainsi que par des groupes non-gouvernementaux, rapporte la BBC ce 8 juillet 2021. Une situation qui suscite des vives inquiétudes

WeChat efface des dizaines de comptes LGBT

D’après la fondatrice d’un groupe LGBT qui a souhaité préservé son anonymat par peur d’éventuelles représailles, WeChat a récemment envoyé des notifications à des dizaines de comptes traitant de sujets LGBT en les informant qu’ils avaient enfreint les règles de la plateforme, sans pour autant fournir de détails à propos de ces dites infractions. Toujours d’après les informations rapportées par la jeune femme, toutes les notifications auraient été envoyées au même moment, soit vers 22 heures ce mardi 6 juillet 2021.

Elle précise également que les contenus de ces comptes ont été effacés. Pourtant, ils ne comprenaient rien, à priori, qui enfreignait les politiques de la plateforme : des histoires personnes, des photos d’événements de groupe… Un étudiant appartenant à un groupe universitaire, qui lui aussi a souhaité préserver son anonymat pour les mêmes raisons que le témoin précédent, a qualifié cette mesure de « coup dévastateur ».

À l’heure actuelle, il n’a pas été précisé si cette mesure a été ordonnée par les autorités chinoises. Elle a néanmoins été appliquée au moment où le gouvernement au pouvoir renforce les contrôles politiques, et tente de réduire au silence les groupes qui pourraient critiquer son régime. Interrogé, Tencent, qui est le propriétaire de WeChat, n’a pas encore souhaité commenter l’information.

Un climat de répression à l’encontre de la communauté LGBT en Chine

C’est en 1997 que l’homosexualité a été décriminalisée en Chine. Pourtant, les gays, lesbiennes, bisexuels, transgenres et autres minorités appartenant à la communauté LGTBQ+, sont toujours victimes de vives discriminations dans l’Empire du Milieu.

À tel point qu’il y a deux mois, des responsables universitaires ont demandé à leurs étudiants de fermer les groupes sociaux LGBT, et d’éviter de mentionner le nom de leur école. Le premier témoin de cette affaire précise que les universités de la province orientale de Jiangsu avaient même reçu l’ordre des autorités d’enquêter sur les groupes de défense des droits des femmes et des minorités sexuelles afin de « maintenir la stabilité ».

Finalement, la suppression des comptes LGBT de WeChat a largement divisé le pays : certains encouragent les groupes visés à « ne pas abandonner », quand d’autres estiment qu’il « était temps » de les réduire au silence.

Les États-Unis, quant à eux, se sont dits préoccupés par la situation. Ned Price, porte-parole du département d’État, a notamment déclaré s’opposer « à l’utilisation de restrictions pour bafouer la liberté d’expression en ligne », que ce soit en Chine ou ailleurs.