Le Pentagone a officiellement annoncé, le 6 juillet 2021, mettre fin au projet Joint Enterprise Défense Infrastructure (JEDI). Le département de la Défense américain a estimé qu’avec «  l’évolution de l’environnement technologique, il est devenu clair que le contrat cloud JEDI, qui a été longtemps retardé, ne répond plus aux exigences pour combler les lacunes de capacité du département de la Défense ».

Amazon gagne une sacrée bataille contre Microsoft

Ce contrat, évalué à 10 milliards de dollars sur 10 ans, a été remporté par Microsoft en 2019. Il devait consolider le patchwork de systèmes de données du Pentagone, permettre un meilleur accès aux informations en temps réel et constituer une base solide pour développer les capacités en intelligence artificielle de la défense américaine.

Seulement, avant et depuis l’attribution du projet à Microsoft, il donne lieu à une bataille juridique acharnée qui repousse son application. Amazon, qui était considérée comme la mieux placée pour remporter l’appel d’offres, a mal digéré sa défaite. Selon l’entreprise, Donald Trump est intervenu pour que JEDI lui échappe.

L’ancien président des États-Unis nourrissait de profonds ressentiments envers Jeff Bezos à cause du Washington Post, le journal racheté par l’homme le plus riche du monde en 2013. Donald Trump estimait son administration mal traitée par le titre.

Le Pentagone a nié toute intervention de Donald Trump dans la décision. Au mois d’avril, un juge fédéral a estimé qu’il y avait suffisamment de doute pour refuser de rejeter une partie de l’affaire. Une décision qui aurait prolongé le litige plusieurs mois, voire des années. À l’annonce de la décision du Pentagone, Amazon s’est félicitée : « l’attribution du contrat n’était pas basée sur les mérites des propositions et était plutôt le résultat d’une influence extérieure qui n’a pas sa place dans les marchés publics ».

Ironiquement, avant l’attribution du contrat, c’est Amazon qui était attaquée par une autre entreprise, Oracle. Elle accusait un employé du géant de l’avoir aidé lors de l’appel d’offres, ayant travaillé au Pentagone en 2016 et 2017. Une plainte rejetée en 2019.

L’option multi-fournisseur privilégiée par le Pentagone pour éviter d’autres litiges

Officiellement, le Pentagone met en avant des éléments techniques plutôt que les déboires judiciaires pour justifier sa décision. Outre le caractère obsolète de JEDI, une approche multi-fournisseurs a été préférée. Une demande venue du Congrès, d’une part pour éviter une nouvelle bataille devant les tribunaux et d’autre part pour éviter de dépendre d’une seule structure.

Par une note de blog, Microsoft s’est soumise à cette décision : « Parce que la sécurité des États-Unis par la fourniture de mises à niveau technologiques critiques est plus importante que n’importe quel contrat, nous respectons et acceptons la décision du Département de la Défense d’avancer sur une autre voie ».

Cette autre voie a déjà un nom, le Joint Warfighter Cloud Capability. Selon le Wall Street Journal, Amazon et Microsoft sont habilitées à participer au nouvel appel d’offres qui va être lancé. Des enquêtes vont être menées pour éventuellement laisser la possibilité à Alphabet, Oracle, IBM de participer. Les détails techniques n’ont pas été dévoilés, mais selon le média américain, il devrait être attribué au printemps 2022.