Ces dernières années, en Inde, le gouvernement met à mal les projets d’expansion d’Amazon et Walmart dans le pays. Déjà en 2019, de nouvelles lois sur l’e-commerce interdisaient aux détaillants en ligne étrangers de négocier des exclusivités sur des produits ou vendre des articles via des fournisseurs dans lesquels ils détiennent une participation.

L’Inde enfonce un peu plus le clou. Cette fois-ci, les géants de l’e-commerce pourraient se voir interdire d’organiser des ventes flash, ces offres promotionnelles de très courte durée. Selon le ministère de la Consommation, de l’Alimentation et de la Distribution Publique, “des prix considérablement réduits, des remises élevées ou toute autre promotion ou offre attrayante” pendant une période de temps définie “limitent le choix des clients, augmentent les prix et empêchent des règles du jeu équitables”. Le problème, c’est qu’une grande partie des modèles commerciaux d’Amazon et Walmart reposent sur ce type de ventes.

Protection des consommateurs ou protectionnisme pour l’Inde ?

En Inde, l’e-commerce ne constitue que 4% des 800 milliards de dollars que génère le marché du retail. Ainsi, même si Walmart et Amazon ne dominent pas l’ensemble du secteur, ils pourraient être mis à mal par les motivations protectionnistes du pays.

En effet, les deux firmes tentent coûte que coûte de s’implanter dans le pays en respectant les mesures du gouvernement. Amazon avait lancé la production de Fire TV Sticks d’Amazon en Inde, permettant de fournir du contenu audio/vidéo numérique diffusé sur Internet à une télévision haute définition. L’appareil peut même être acheté directement depuis le site local de l’entreprise. Outre cela, les Indiens s’étaient vu proposer un abonnement Amazon Prime Video à prix réduit, ainsi qu’une plateforme éducative.

D’autre part, le rachat de la plateforme indienne d’e-commerce Flipkart par Walmart avait été accueilli avec scepticisme. Peu de temps après l’acquisition, Mukesh Ambani, l’homme d’affaires le plus riche d’Inde, a annoncé son propre plan d’e-commerce. Il met en contact les petits magasins indépendants aux clients de son service de télécommunications 4G qui n’en était, à l’époque, qu’à ses débuts. Désormais, ce réseau compte plus de 420 millions d’abonnés, concurrençant Flipkart.

Selon Piyush Goyal, ministre du Commerce, les entreprises américaines ont ouvertement bafoué les lois indiennes. Cela inclut Amazon, Walmart, mais aussi Twitter. Ce dernier s’était vu reprocher de ne pas retirer des publications diffusant “des informations erronées” et “de conduire à une violence imminente à l’ordre public dans le pays” en marge de manifestations d’agriculteurs. Les employés de Twitter India s’étaient même vus menacés d’emprisonnement par le ministère. L’entreprise avait finalement satisfait 95% des demandes du gouvernement, déterminée à avoir un “dialogue constructif” avec lui. Cela ne semble toujours pas suffisant, car les bureaux indiens du réseau social ont récemment été perquisitionnés.

Ainsi, après que des dizaines d’applications chinoises aient été interdites en Inde, c’est dorénavant sur les entreprises américaines, et particulièrement celles d’e-commerce, que le gouvernement fait pression. Si ce dernier avance protéger les consommateurs avec toutes ces lois, tout laisse à penser qu’il privilégie les magnats locaux, qui dominent, déjà, progressivement le marché.