L’application Didi, l’équivalent d’Uber en Chine, ne peut plus être téléchargée dans les magasins d’applications chinois, dont l’Apple Store. Après que l’autorité de régulation chinoise (SAMR) ait lancé une enquête en juin 2021 sur la plateforme VTC, c’est au tour de l’administration du cyberespace de s’attaquer à Didi Chuxing. Cette fois-ci ce n’est pas les questions liées à la concurrence qui attirent l’attention des hauts responsables du Parti communiste chinois, mais la collecte de données. L’entreprise est accusée de collecter illégalement les données de ses utilisateurs. C’est donc sous ce motif que le dimanche 4 juillet Didi a été supprimé des magasins d’applications.

Cette suppression intervient à la suite de l’introduction de Didi à la bourse de New York qui s’est déroulée la semaine dernière. L’entreprise y a levé 4,4 milliards de dollars. Par ailleurs, le VTC chinois compte plusieurs entreprises étrangères à son capital, dont Apple, Uber et SoftBank.

Ces restrictions envers Didi interviennent en parallèle de mesures similaires contre Manbang, le « Uber des camions ». Manbang propose une plateforme de mise en relation de chauffeurs routiers avec des propriétaires de camions. Toutes deux ont réalisé une entrée en bourse aux États-Unis au mois de juin. Dans sa note d’introduction en bourse, Manbang précisait qu’elle partageait certaines données avec les autorités chinoises. C’est le cas de celles concernant la protection des utilisateurs, la tarification et la concurrence. Manbang avait ainsi prévenu qu’il « n’y a aucune garantie à ce que de telles communications réglementaires n’entraînent pas de pénalités ou des ordres » pouvant nuire aux perspectives de croissances de l’entreprise.

Didi et Manbang ont toutes deux des investisseurs américains

En mai, Didi et la maison mère de Manbang, Full Truck Alliance, ont participé à une réunion avec plusieurs hauts responsables de diverses agences et ministères chinois. D’autres acteurs de la tech étaient également présents. Le sujet avait tourné autour des tarifications, du traitement des données de fret et des dispositions prises par les entreprises pour les chauffeurs.

Un autre point commun aux deux acteurs chinois réside dans leurs investisseurs. À l’image d’Apple pour Didi, Alphabet est au capital de Manbang. Selon le Wall Street Journal, les deux entreprises ont déclaré coopérer pleinement pour régler ce risque de cybersécurité. Dans le communiqué annonçant son bannissement des magasins d’applications, Didi indique déjà s’atteler aux « corrections ». Reste à voir en quoi ces dernières consistent.

Didi a suspendu les nouvelles créations de comptes, mais reste disponible pour les utilisateurs déjà inscrits. Sur les 12 derniers mois, l’application de VTC a compté 493 millions d’utilisateurs et 41 millions de transactions quotidiennes. Au premier trimestre 2021, l’application comptait 156 millions d’utilisateurs mensuels. À titre de comparaison, à la même période, Uber en comptait 98 millions.

Lundi 5 juillet, à l’ouverture de la Bourse de Tokyo, les actions de SoftBank, qui est donc à la fois investisseur de Didi et de Manbang, ont chuté de 5,3%.