D’après une enquête du Wall Street Journal, publiée le 29 juin 2021, Amazon fait pression sur ses fournisseurs en entrant à leur capital à moindre coût. Pour y parvenir, Amazon a acquis des warrants, soit des certificats d’option titrisés. Ce produit financier donne le droit d’acheter ou de vendre des actifs à un prix déterminé à l’avance sur une durée limitée. Ainsi, si le cours de l’action augmente durant cette période de temps, le propriétaire du warrant peut acheter des actions moins chères.

Autrement dit, pour décrocher un contrat avec Amazon, les entreprises autorisent Amazon à acheter des parts de leur entreprise à un prix plus faible que celui du marché. Amazon se munit ainsi de leviers pour inciter les entreprises à accepter ses conditions. Des dizaines d’accords de ce type ont ainsi été conclus dans une douzaine d’entreprises cotées en Bourse et dans plus 75 entreprises privées.

Par le biais des warrants, Amazon s’est hissé parmi les actionnaires majoritaires de certains de ses fournisseurs. Dans plusieurs cas, le géant du e-commerce s’est même doté du droit de siéger au conseil d’administration de ces entreprises et de surenchérir sur les offres d’acquisitions. Parmi les entreprises ayant conclu des accords de ce type avec Amazon se trouvent une société de location d’avion, un centre d’appels ou encore un producteur de piles à hydrogène.

Amazon a recours à des warrants depuis une dizaine d’années

Plusieurs dirigeants de ces entreprises ont indiqué ne pas pouvoir refuser l’offre d’Amazon sous peine de voir des opportunités d’affaires avec la marketplace filer sous leur nez au profit de l’un de leurs concurrents. Certains évoquent ces contrats comme le prix à payer pour faire des affaires.

Amazon a déclaré au Wall Street Journal que les warrants représentent moins de 1% de leurs contrats fournisseurs. Certains warrants seraient soumis à un seuil. Souvent ils interviendraient uniquement quand Amazon a déjà acheté un certain niveau de biens ou services.

L’entreprise de Jeff Bezos use de cette stratégie depuis près d’une décennie et aurait intensifié ces pratiques sur les dernières années. Néanmoins, les autorités antitrust pourraient voir d’un mauvais œil cette mainmise d’Amazon sur ses fournisseurs.