C’est ce 1er juillet 2021 qu’Amazon a annoncé la mise en place de deux nouveaux principes au sein de sa doctrine de leadership. Établie par Jeff Bezos lui-même, cette liste comprenait jusqu’à présent quatorze directives permettant de définir la culture, l’essence et l’identité du géant de l’eCommerce. Elles sont désormais au nombre de seize.

Amazon prend conscience qu’elle doit faire plus pour le bien-être de ses employés

Aux premières heures d’Amazon, Jeff Bezos a établi des « principes de leadership » qui pourraient se comparer à un code de conduite. Selon les propres mots du géant de l’eCommerce, ces directives « décrivent comment Amazon fait des affaires, comment les leaders dirigent, et comment nous gardons le client au centre de nos décisions ». Parmi elles, on retrouve par exemple « l’obsession du client« , « inventez et simplifiez« , « apprenez et soyez curieux« , ou encore « méritez leur confiance« .

Deux nouvelles directives viennent de s’ajouter à cette liste. La première d’entre elles impose à Amazon de « s’efforcer à être le meilleur employeur de la planète« . Dans le détail, ce principe indique que « les leaders travaillent chaque jour à créer un environnement de travail plus sûr, plus productif, plus performant, plus diversifié et plus juste ». Ils devront également diriger avec empathie, tout en s’amusant et en permettant aux autres d’en faire autant. Amazon souhaite notamment que ses leaders se questionnent (« Mes collaborateurs s’épanouissent-ils ? Sont-ils responsabilisés ? Sont-ils prêts pour la suite ? »), et qu’ils s’engagent pour la réussite personnelle de leurs employés.

Ce nouveau principe fait écho aux récents scandales ayant mis en lumière les conditions de travail déplorables au sein des entrepôts de la firme. Des employés ont été obligés d’uriner dans des bouteilles pour atteindre leurs objectifs, d’autres ont été privés de pauses… Une récente étude a même révélé que les salariés d’Amazon se blessent plus que dans les autres entreprises. Dans une lettre adressée aux actionnaires, Jeff Bezos a lui-même admis quelques erreurs, en affirmant dans le même temps que son entreprise devrait faire mieux à l’avenir.

L’écologie et les questions antitrust inspirent une nouvelle directive

La seconde directive, quant à elle, indique que « le succès et la croissance entraînent une grande responsabilité« . Par là, Amazon entend qu’elle doit rester « humble et réfléchie, même en ce qui concerne les effets secondaires de nos actions ». L’entreprise poursuit : « Nos communautés locales, notre planète et les générations futures ont besoin que nous soyons meilleurs chaque jour. Nous devons commencer chaque journée avec la détermination de faire mieux, de faire mieux et d’être meilleurs pour nos clients, nos employés, nos partenaires et le monde en général. Et nous devons terminer chaque journée en sachant que nous pouvons faire encore plus demain. Les leaders créent plus qu’ils ne consomment et laissent toujours les choses en meilleur état qu’ils ne les ont trouvées ».

Ce nouveau précepte est, quant à lui, lié aux difficultés rencontrées par Amazon en matière de questions antitrust. Le géant de l’eCommerce est surveillé de près par différentes autorités à travers le monde. Il cumule procès, accusations et enquêtes. À titre d’exemple, le procureur général de Washington D.C. a récemment lancé une action antitrust à son encontre. Son rachat du studio MGM va également être examiné de près par la FTC. L’année dernière, après plusieurs mois d’enquête, le Congrès américain a établi qu’Amazon étouffait la concurrence dans la vente au détail, mais aussi dans d’autres secteurs, comme celui de la livraison.

De la même façon, Amazon réaffirme son ambition écologique à travers ce nouveau principe. Rappelons qu’en 2019, la firme a cofondé le « Climat Pledge », qui est un engagement ayant pour objectif d’honorer l’Accord de Paris sur le climat avec 10 ans d’avance. Concrètement, le géant du eCommerce s’engageait alors à atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. Si des efforts ont déjà été menés dans ce sens, la conduite d’Amazon est encore loin d’être irréprochable sur les questions écologiques. Le 22 juin 2021, une enquête a par exemple révélé qu’Amazon s’adonnait à un gaspillage massif en détruisant chaque année des dizaines de millions de produits en bon état.

Amazon comprend ses erreurs

Avec l’arrivée de ces nouveaux préceptes, il est clair qu’Amazon a su identifier ses erreurs. Le géant du eCommerce souhaite manifestement travailler à ne plus les reproduire à l’avenir. Le départ de Jeff Bezos, qui est fixé à ce 5 juillet 2021, semble être une opportunité toute trouvée pour marquer le coup, et faire prendre une nouvelle direction à l’entreprise. Reste désormais à savoir si ces directives seront réellement appliquées par Andy Jassy, ou s’il s’agit seulement d’un coup de communication bien ficelé. L’avenir nous le dira.