Avec le passage de cette nouvelle loi, le Chili devient le premier État au monde à inscrire dans sa Constitution un texte pour protéger les cerveaux humains des neurotechnolgies. Dans la loi en question, le gouvernement chilien précise que : « cette loi vise à protéger les cerveaux des citoyens chiliens contre des technologies qui permettraient d’augmenter, de diminuer ou de perturber leur intégrité mentale ». Voici le reportage de la chaîne Al-Jazeera English consacré à ce sujet :

Comme le Chili, faut-il être prudent avec l’arrivée de ces nouvelles technologies ?

Cette vidéo, dans laquelle vous aurez très probablement reconnu des extraits de Matrix en guise d’introduction, Al-Jazeera English explique que le fait de : « manipuler votre cerveau pour modifier votre réalité, avec ou sans votre consentement, est un sujet digne des films de science-fiction”. En 2021, à peine 20 ans après la sortie du film, la réalité a rattrapé la fiction. En effet, plusieurs entreprises travaillent sur les neurotechnologies. C’est notamment le cas de Neuralink, une entreprise dont Elon Musk est le propriétaire.

Il existe aussi plus simplement des casques de réalité mixte, qui permettent de se plonger dans des mondes virtuels, de son plein gré. La chaîne précise que : « grâce à ce type de dispositifs, les neurotechnologies réalisent des progrès extraordinaires pour aider les personnes incapables de parler ou de marcher. Les personnes atteintes d’Alzheimer pourront peut-être bientôt retrouver la mémoire, mais, comme l’arme nucléaire, ces technologies peuvent être utilisées à mauvais escient”. Comme très souvent au moment de leur lancement, les nouvelles technologies inquiètent.

Le Chili prend les devants pour se protéger des neurotechnologies

Le Chili perçoit un risque dans les cinq années à venir. Pour prendre les devants, le gouvernement a préféré faire voter cette nouvelle loi pour protéger les cerveaux de ses citoyens. Selon le sénateur chilien Guido Girardi, qui fait partie des auteurs du texte voté le 22 avril : « les neurotechnologies sont la nouvelle frontière : elles peuvent lire ce qu’il se passe dans votre cerveau et ce que vous pensez, même dans votre subconscient et c’est très dangereux”.

Les scientifiques qui travaillent actuellement sur les neurotechnologies réalisent déjà de premières expériences. C’est le cas des chercheurs de Neuralink qui ont permis à un singe de jouer au jeu de Pong sans les mains, uniquement par la pensée. Le sénateur estime que notre libre arbitre serait en danger « si quelqu’un peut manipuler ou contrôler votre esprit, ou y introduire des idées qui ne sont pas les vôtres, vous perdez votre liberté d’être humain”. C’est pour se protéger d’un tel scénario, que le Chili intègre de texte dans sa Constitution.

Rafael Yuste, tête pensante du Brain Project au Chili, précise que : « les neurotechnologies ne sont plus qu’à une ou deux années de décoder nos pensées et probablement cinq ou dix ans de pouvoir modifier nos pensées et notre comportement ». Pour Rosario Ramos, une avocate spécialisée dans la bioéthique, “le Chili a ouvert la voie, mais je pense qu’il s’agit d’un devoir universel. Ces droits devraient figurer dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ».