Amazon a déposé une requête à l’autorité de la concurrence américaine, la Federal Trade Commission (FTC) le 30 juin, pour que la nouvelle présidente Lina Khan ne puisse traiter les affaires antitrust concernant l’entreprise. Dans un document de 25 pages, elle l’accuse d’être partiale du fait de ses travaux antérieurs.

Amazon a peur

Amazon considère que « La présidente Khan a fait de nombreuses déclarations publiques très détaillées concernant Amazon, notamment sur la définition du marché, les comportements spécifiques et les théories de préjudice, ainsi que l’objectif, les effets et la légalité de ces comportements. En effet, elle a soutenu à de nombreuses reprises qu’Amazon est coupable de violations antitrust et devrait être démantelée ».

Factuellement, l’entreprise de Jeff Bezos n’a pas tort. Lina Khan s’est fait connaître lors de ses études de droit à Yale en publiant un article remarqué sur l’impuissance des lois antitrust face à l’expansion d’Amazon. Elle a ensuite travaillé pour un groupe antitrust au Congrès où elle a poussé à l’adoption de mesures pour contenir la puissance des grandes entreprises du numérique…

Lina Khan, une championne de l’antitrust redoutée

C’est sur cette base qu’Amazon rappelle opportunément que « Les règles d’éthique fédérales exigent une récusation lorsqu’un nouveau commissaire a exprimé des points de vue qui vont au-delà des commentaires de politique générale ».

Le problème de l’entreprise c’est que Lina Khan a été nommée présidente de la FTC justement pour ses positions antitrust et contre Amazon. Elle bénéficie du soutien de la Maison-Blanche, qui l’a choisie et du Congrès puisqu’elle a été confirmée par un soutien bipartisan. De plus, selon The Verge, les nombreux discours de Lina Khan sont toujours restés dans les limites du commentaire politique.

Les tribunaux, là où le bât blesse

Lina Khan peut néanmoins décider d’elle-même de se démettre des affaires concernant Amazon. Interrogée sur cette possibilité par un sénateur lors de sa procédure de confirmation elle avait répondu qu’elle consulterait les responsables éthiques de la FTC.

L’une des raisons pour laquelle la présidente de la FTC pourrait en arriver là est la justice américaine. Cette dernière, comme l’a récemment montré le cas Facebook, a tendance à aller dans le sens des géants de la Tech.

Envoyer un message à la FTC

Stephan Calkins, professeur de droit et ancien avocat général de la FTC a confié au Wall Street Journal que « très peu de cas de contestation réussissent » ces dernières années. La procédure lancée par Amazon a, en réalité, peu de chance d’aboutir.

Cette requête n’arrive pas à n’importe quel moment. Amazon est sous le coup d’une enquête antitrust sur ses pratiques commerciales par la FTC. L’agence a également ouvert une procédure sur l’acquisition par le géant du studio MGM. Avec son document de 25 pages, Amazon fait comprendre à la FTC qu’elle se battra pied à pied contre les procédures lancées à son encontre.