En s’appuyant sur des e-mail échangés avec HSBC, les avocats de Huawei affirment que les États-Unis n’ont aucun motif pour extrader Meng Wanzhou. Leur objectif est de persuader le gouvernement Canadien d’accepter de nouvelles preuves afin de bloquer l’extradition de la femme d’affaires chinoise. Celles-ci comprennent des mails et documents bancaires prouvant que HSBC était bien au courant des activités iraniennes de Skycom, une société écran appartenant à Huawei.

Cela fait quelque temps que les avocats de Meng Wanzhou tentent de récupérer et dévoiler ces documents. En février, une première tentative au Royaume-Uni s’est avérée sans succès. Huawei a poursuivi sa demande envers HSBC à Hong Kong et a conclu en mars un accord à l’amiable avec la banque, mais avec une clause de confidentialité.

Pour le moment, les avocats du gouvernement américain présents au Canada ont indiqué que les documents n’étaient pas pertinents dans le processus d’extradition. Ils estiment qu’ils devraient être réservés pour un procès pour fraude aux États-Unis. La semaine dernière, les tribunaux canadiens ont accepté une demande de leurs procureurs demandant de ne pas garder ces informations sous scellé.

Retour sur l’affaire Meng Wanzhou

Iran, Huawei, HSBC, Canada, États-Unis… Pour ne pas se perdre, retournons en arrière. En décembre 2018, Meng Wanzhou, la directrice financière et fille du fondateur de Huawei, est arrêtée à Vancouver sur la base d’un mandat américain. Les États-Unis demandent alors son extradition. Deux accusations lui sont portées. La première, avoir violé les sanctions américaines contre l’Iran en travaillant avec le pays par le biais de la filiale Skycom. Les États-Unis estiment que 100 millions de dollars de transactions liées à Skycom ont transité par leur territoire entre 2010 et 2014. La seconde, avoir induit en erreur HSBC.

Pour les États-Unis, Huawei a omis de préciser qu’elle travaillait en Iran par le biais de sa société écran lors d’une réunion avec son partenaire HSBC. Dans le cadre de l’enquête, la banque a travaillé avec le gouvernement américain sans les fournir à Huawei. Une coopération vivement critiquée par Pékin.

« Les risques liés à l’image ont été gérés avec la connaissance des cadres de HSBC »

Cette version de non-transparence envers HSBC est contredite par les avocats de Huawei qui affirment avoir bien déclaré ses activités iraniennes. « Ces documents montrent que le contrôle de Skycom par Huawei n’a pas été caché aux cadres de HSBC, que la nature durable de la relation commerciale entre Skycom et Huawei en Iran ne leur a pas été dissimulée et que les évaluations internes de HSBC sur les risques ont été réalisées en connaissance des faits réels », affirme une déclaration de Huawei relayée par The Guardian qui précise également que « les risques liés à l’image ont été gérés avec la connaissance des cadres de HSBC ».

Pour ce genre de montage, HSBC profite d’ailleurs d’une certaine expérience. Les données du Violation Tracker de Good Jobs First, un centre de ressources des États-Unis promouvant la responsabilité des entreprises, montrent que HSBC a eu plusieurs condamnations liées à des infractions financières, notamment dans le blanchiment d’argent.

Depuis 2018, Meng Wanzhou vit sous caution dans sa maison à Vancouver. À la suite de son arrestation, deux ressortissants canadiens ont été arrêtés en Chine : l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor.