C’est fait ! Lina Khan, après avoir été nommée Commissaire à la Federal Trade Commission (FTC), a prêté serment le 15 juin pour en devenir officiellement la présidente. Connue pour ses positions très fermes contre les pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech, la nouvelle présidente de la FTC aura fort à faire. 

Lina Khan a commencé le travail en nommant par intérim trois personnes à des postes stratégiques venant tous du cabinet de l’un des commissaires démocrates de la FTC, Rohit Chopra, devenu entre temps directeur du Consumer Financial Protection Bureau. 

Une justice conservatrice contre Lina Khan ?

Tous les observateurs américains s’attendent désormais à voir la FTC occuper un rôle beaucoup plus volontariste que par le passé sur les questions antitrust. Lina Khan s’était faite connaitre en 2017, alors qu’elle n’était qu’étudiante en droit, avec un article très remarqué, « Amazon’s Antitrust Paradox ». Elle a également conseillé la commission antitrust de la Chambre des représentants et l’un des rapports qu’elle a co-écrit a inspiré plusieurs projets de lois antitrust qui hérissent les poils des GAFAM. 

Pourtant, certains s’interrogent sur sa capacité à mener des actions majeures face aux géants du numérique. Bloomberg rapporte ainsi que le plus grand défi pour Lina Khan sera la justice américaine. C’est un passage obligatoire si l’agence fédérale souhaite démanteler un monopole ou bloquer une prise de contrôle. 

Pour l’ancien conseiller général de la FTC et professeur de droit, Stephen Calkins, « rien de tout cela n’est facile, et ce n’est particulièrement pas facile lorsque les tribunaux sont très conservateurs, comme c’est le cas aujourd’hui ».

William Kovacic, également professeur de droit et ancien président de la FTC, pronostique les futurs revers de l’agence anticoncurrentielle américaine : « Vous devenez comme une équipe sportive dont les adversaires savent qu’elle est incapable de gagner ». 

L’environnement de la FTC joue en sa faveur

La FTC a enregistré dernièrement une sérieuse déconvenue en perdant un procès contre le fabricant de puces Qualcomm. L’agence a également été accusée d’être en retrait durant l’ère Trump, où l’initiative des mesures antitrust ont été du côté des procureurs généraux des États américains. 

Mais les temps changent. Lina Khan a bénéficié du soutien d’un certain nombre de sénateurs républicains, des législations antitrust sont par ailleurs discutées au Congrès : un consensus semble se former autour de la question des pratiques des géants technologiques américains. Celui-ci pourrait amener la justice à être plus sensible aux arguments de la FTC. Le premier défi de Lina Khan est déjà lancé, puisqu’une enquête a été ouverte sur l’acquisition de MGM par Amazon, l’occasion pour la plus jeune présidente de l’histoire de l’agence d’imprimer sa marque.