« Malgré la taille et la domination du marché de Microsoft, les démocrates n’ont curieusement pas examiné en profondeur la conduite de Microsoft lors de leur enquête sur la concurrence des marchés numériques », accuse le membre du Congrès américain au Parti républicain Jim Jordan dans une lettre (pdf) adressée au président de Microsoft. En effet, les autres GAFAM ont largement fait l’objet d’une observation plus minutieuse.

Dans sa lettre en date du 21 juin 2021, Jim Jordan affirme que Microsoft échappe aux lois antitrust, exerce une censure pro-démocrate, une censure sur l’origine de la pandémie de Covid-19, et crée une pression éditoriale sur son logiciel de traitement de texte Word avec la fonctionnalité « Ideas in Word », un outil de recommandation de style et grammaire.

Sur les questions antitrust, Jim Jordan relève que sur les trente dernières années, Microsoft a acquis plus de 200 entreprises. Aujourd’hui, la valeur boursière de la firme de Redmond s’élève à 2 000 milliards de dollars, soit la deuxième plus importante des États-Unis derrière Apple. Dans le secteur des suites bureautiques, la firme de Redmond possède 87,5% des parts de marché. « Un flou demeure sur pourquoi Microsoft ne fait pas l’objet d’une attention plus particulière de la part des démocrates », écrit Jim Jordan. L’homme politique, démocrate, David Cicilline qui travaille sur les dossiers antitrust a déclaré à Bloomberg que pour Microsoft c’est au « ministère de la justice et à la commission fédérale du commerce de prendre cette décision ».

Microsoft accusé d’étouffer l’affaire Hunter Biden…

Du côté de la pandémie de Covid-19, l’homme politique accuse Microsoft d’avoir supprimé de LinkedIn des messages évoquant le rôle potentiel du laboratoire P4 de Wuhan dans la pandémie. Laboratoire qui a d’ailleurs été vendu par l’entreprise française Mérieux et dont un « grand frère » est en activité à Lyon.

La lettre affirme que plusieurs utilisateurs de LinkedIn ont signalé une censure sur les publications évoquant l’affaire visant Hunter Biden, le fils du président des États-Unis. Plus précisément, deux cas concrets de censure sont évoqués. Le premier porte sur celle d’un message relayant un rapport officiel du Sénat au sujet de cette affaire. L’autre s’attarde sur un post de l’avocat de la National Security Agency (NSA) chargé de scruter le rôle des réseaux sociaux dans l’étouffement de l’affaire.

L’affaire Hunter Biden porte sur le dévoilement du contenu de son propre ordinateur. Elle met la lumière sur des liens douteux avec un groupe gazier ukrainien, des cas de prostitutions et de drogues.

Autre censure avancée : la suppression sur LinkedIn d’une publication remettant en cause les « opinions libérales dominantes » sur le dérèglement climatique. Aussi, un article d’opinion du Washington Times critiquant le recours massif aux décrets par les Démocrates a été supprimé de LinkedIn.

… Et d’exercer de la censure pour le compte du Parti communiste chinois

Les problématiques de censures soulevées par Jim Jordan ne s’arrêtent pas aux frontières des États-Unis. L’homme politique accuse Microsoft d’en faire pour le compte du Parti Communiste chinois, notamment lors de l’anniversaire commémoratif des manifestations de la place Tiananmen de 1989. Un événement violemment réprimé par le Parti Communiste chinois, aussi appelé le massacre de la place Tiananmen. Selon la lettre du Républicain, le moteur de recherche de Microsoft, Bing, a censuré les résultats de la photographie Tank Man. Cette censure a également touché les utilisateurs américains qui ne pouvaient accéder aux résultats de cette recherche. L’homme politique accuse également LinkedIn de censurer les dissidents chinois.

Photographie Tank Man prise lors du massacre de la place Tiananmen. Un homme est debout face à des tanks.

La photographie Tank Man. Crédit : Stuart Franklin / Magnum Photos

Face à cette situation, Jim Jordan émet cinq demandes :

  • Si les projets de lois sur la concurrence passent, Microsoft arrêtera-t-il son « contrôle éditorial » ?
  • Est-ce que Microsoft se considère comme une « plateforme couverte » ? Terme juridique américain auquel l’entreprise devra coller pour ne pas être jugée anticoncurrentielle si les projets de lois antitrust sont adoptés.
  • Microsoft peut-il expliquer sur quelle base la censure de la polémique d’Hunter Biden a été réalisée ?
  • Microsoft peut-il expliquer sur quels motifs la censure sur l’origine de la pandémie de Covid-19 a-t-elle été actée ?
  • Microsoft peut-il fournir un compte rendu de toutes les décisions de modération de contenus ?

Aux États-Unis, début juin 2021, cinq projets de lois antitrust ont été proposés. S’ils sont adoptés, des changements comme des budgets supplémentaires pour les commissions antitrust ou la limitation des géants de la tech dans l’achat d’entreprises concurrentes passeraient en vigueur.

Il ne faut pas oublier que le système économique actuel se base en partie sur le libéralisme. Les droits individuels sont le socle du libéralisme et chacun donc a le droit à sa liberté. Les personnes morales comme les entreprises y compris. Et ça, ce n’est pas une nouveauté. Microsoft Word a-t-il le droit de mettre en avant certains mots et d’en restreindre d’autres ? La plateforme appartient à Microsoft et dans une vision libérale l’entreprise a le droit de la paramétrer selon son bon vouloir. Si cela déplaît à l’utilisateur, qui a d’ailleurs très peu de visibilité sur le contenu de ces algorithmes, il est aussi libre de ne pas utiliser le service.