La Commission régionale du développement et de la réforme et le département de l’Énergie de la région du Sichuan, située au sud-ouest de la Chine, ont exigé la fermeture de 26 mines de Bitcoin le 18 juin dans les 48 heures. Parallèlement, les fournisseurs d’électricité de la région ont reçu l’ordre de repérer puis de couper l’électricité aux mines de Bitcoin, chose faite le dimanche 20 juin au soir selon des témoins sur place.

L’étau se resserre autour des cryptomonnaies en Chine

Depuis quelques mois, la Chine durcit ses positions sur les cryptomonnaies. Le pays a interdit à ses institutions financières de vendre des services de cryptomonnaies à la mi-mai. Des comptes Weibo (l’équivalent de Twitter en Chine) de figure du secteur ont été fermés début juin et les nouvelles mesures s’enchainent. 

Pékin n’a toutefois pas encore formellement interdit le minage, cette activité qui consiste à faire tourner en permanence des fermes d’ordinateurs avec de puissantes cartes graphiques pour valider les transactions en Bitcoin. Les initiatives restent entre les mains des dirigeants des régions autonomes.

L’impact écologique et financier du minage en cause

Le Xinjiang, la Mongolie Intérieur et le Yunnan ont déjà pris des mesures contre les mineurs, tandis que des entreprises ont fermé et que les habitants sont incités à dénoncer les activités illégales. La principale raison invoquée pour justifier ces décisions est écologique. Selon une étude de Nature relayé par Le Figaro, en 2024, le minage de cryptomonnaie émettra autant d’émissions carbone que l’Italie. 

Cet objectif a pu laisser croire aux mineurs du Sichuan, deuxième région la plus active dans le secteur, qu’ils étaient à l’abri. Contrairement aux régions précédemment citées, la principale source d’énergie qui y est utilisée n’est pas le charbon, mais l’énergie hydroélectrique, abondante, peu chère et verte. 

Cela n’aura pourtant pas suffi. Selon le Global Times, média d’État chinois, « la dernière interdiction souligne la détermination des régulateurs chinois à freiner les échanges spéculatifs de cryptomonnaies pour contrôler les risques financiers, malgré certains avantages pour les économies locales, selon les observateurs ». 

Faire place nette pour la monnaie numérique chinoise, le e-yuan, en cours de test dans quatre grandes villes du pays pourrait apparaitre comme une autre motivation, non dite. Le lancement officiel de la monnaie est en effet programmé pour début 2022. 

Les mineurs chinois cherchent à s’implanter à l’étranger

Toute l’activité chinoise de minage de bitcoin semble donc mise en péril, ce qu’a confirmé à Global Times Shentu Qingchun, PDG de la société blockchain BankLedger : « Cela signifie que plus de 90 % de la capacité d’extraction de Bitcoins, soit un tiers de la puissance de traitement du réseau cryptographique mondial, sera suspendue à court terme ».

Comme l’explique Shentu Qingchun, les répercussions de ces décisions locales en Chine seront globales. Selon une étude de l’Université de Cambridge, 70% du minage se fait dans l’Empire du Milieu. La valeur du Bitcoin est en conséquence repassée sous la barre des 33 000 dollars le lundi 21 juin, en baisse de 17,65% par rapport à la semaine précédente.

Les opérateurs chinois cherchent actuellement à quitter le territoire suite aux nouvelles réglementations : « Nous nous démenons pour trouver des mines à l’étranger où placer nos dispositifs de minage », a déclaré au média local un mineur du Sichuan. Pour Shentu Qungchun, « les mineurs chinois doivent former des alliances pour migrer à l’étranger, dans des endroits tels que l’Amérique du Nord et la Russie ».