Dans une étude publiée dans la revue PNAS, des chercheurs américains expliquent avoir découvert une activité tectonique sur Vénus. Loin d’être anodine, cette information revêt une importance capitale pour mieux comprendre notre voisine, mais également le passé de la Terre.

Notre voisine maléfique

Si tous les yeux sont tournés vers Mars avec les rovers Perseverance et Zhurong qui foulent actuellement sa surface, il ne faut pas oublier que Vénus fait quasiment la même taille que la Terre, et se trouve à 41 millions de kilomètres celle-ci, c’est beaucoup moins que la planète rouge.

Mais ce n’est pas pour rien si notre plus proche voisine est également qualifiée de « jumelle maléfique » de la Terre. Les conditions y sont extrêmes et particulièrement hostiles : composée à 96% de dioxyde de carbone, son atmosphère est incroyablement dense tandis que la température moyenne est de 462 degrés Celsius. Par ailleurs, on y retrouve une très grande quantité d’acide sulfurique. Ces différents facteurs rendent, par exemple, l’envoi d’un rover à la surface de Vénus une mission extrêmement compliquée et complexe.

Toutefois, la découverte des scientifiques américains nous fait voir notre planète voisine d’un tout nouvel œil.

Une preuve que Vénus est active géologiquement, comme la Terre

En étudiant des données récoltées par la sonde Magellan, qui est restée en orbite autour de Vénus de 1990 à 1994, les chercheurs ont observé que des morceaux de croûtes terrestres semblaient s’être déplacés dans un passé proche. Les structures laissent entrevoir des interactions entre la surface et l’intérieur de la planète, traduisant une activité sismique. Il n’existe qu’un seul autre endroit dans le Système solaire où un tel phénomène est observé : sur Terre.

Représentation des plaques tectoniques à la surface de Vénus.

Vue en couleurs de Lavinia Planitia sur Vénus, où la croûte s’est fragmentée en blocs (violet) séparés par des ceintures de structures tectoniques (jaune). Image : Université de Caroline du Nord / NASA/JPL

« Depuis des décennies, il existe des preuves circonstancielles de l’activité volcanique de Vénus et je parierais beaucoup d’argent qu’elle est en éruption en ce moment même. Il n’y a aucun autre endroit dans le Système solaire qui soit aussi déformé sur le plan tectonique que Vénus, sauf peut-être certaines parties de la Terre. Donc, bien sûr, le monde est actif, mais nous n’avons jamais eu de preuve définitive d’une mission qui pourrait le prouver ou le démontrer. Une grande partie était basée sur des déductions », explique Paul Byrne, coauteur de l’étude et professeur de science planétaire à l’université de Caroline du Nord.

Une découverte qui a de grandes implications

Cette découverte peut permettre de réaliser d’importantes avancées dans plusieurs domaines. En effet, les conditions actuelles sur Vénus peuvent s’apparenter à l’Archéen sur Terre, une période débutée il y a environ 4 milliards d’années et achevée il y a 2,5 milliards d’années. C’est notamment à cette époque que la vie est apparue sur Terre : mieux étudier Vénus pourrait ainsi nous permettre de comprendre les conditions qui ont mené à cet événement.

« L’une de nos principales questions concernant Vénus est la suivante : pourquoi Vénus n’est-elle pas comme la Terre ? Est-ce simplement parce qu’elle a commencé un peu plus près [du Soleil] et qu’elle n’a jamais pu échapper à l’effet de serre ? Ou bien est-ce une catastrophe qui s’est produite bien plus tard dans sa vie ? Ce sont les deux modèles dont nous disposons », se demande Paul Byrne. Réussir à répondre à ces questions a de grandes implications pour la Terre, puisque Vénus est l’exemple parfait des ravages des gaz à effet de serre…

Heureusement, trois missions, deux de la NASA et une de l’ESA, se préparent pour aller étudier notre voisine. Elles devraient s’y rendre dans les années 30.