À travers les 54 États africains, 3% des téléphones en circulation sont des smartphones. Le reste du marché se compose de téléphones mobiles classiques. Que ce soit dans le domaine du smartphone ou celui du téléphone portable, Transsion se positionne en leader. D’après une étude IDC, rapportée par South China Morning Post, sur le continent, l’entreprise basée à Shenzhen détient plus de 70% du marché des téléphones portables standards, loin devant le deuxième, Nokia, qui en possède 8,1%. Sur le marché des smartphones, Transsion tient 44,3% des parts et Nokia, encore en deuxième position, en a 22,9 %. Le numéro 3, Oppo, une autre entreprise chinoise, détient 8,3% du marché.

Pour se positionner à la première place des marchés africains, Transsion s’appuie sur plusieurs marques : Tecno, Infinix et Itel. Ses téléphones classiques se démarquent par l’attractivité de leurs prix. Néanmoins, cela ne signifie pas que l’entreprise ne propose pas des modèles de téléphones plus haut de gamme, comme des smartphones. Contrairement à Huawei, qui a cherché à tendre vers les modèles d’Apple et Samsung avec des prix qui dépassent les 1 000 euros en France, Transsion veut rester accessible. « Les marques occidentales ne peuvent pas rivaliser en matière de prix. Les smartphones Apple ou Motorola les moins chers coûtent plusieurs fois le salaire moyen des Kenyans », explique l’analyste Peter Wanyonyi.

Une autre des forces de Transsion réside dans la possibilité de mettre plusieurs cartes SIM dans ses portables. South China Morning Post relève que les communications entre différents réseaux mobiles peuvent devenir très onéreuses sur le continent africain et qu’il y est commun de posséder plusieurs cartes SIM. Par conséquent, la fonctionnalité de Transsion est loin de relever du gadget.

« Les marchés africains deviendront plus importants pour les acteurs chinois »

Avec une croissance de 14% du marché de la téléphonie mobile africain au premier trimestre 2021, et de 16,8% sur celui des smartphones, les pays d’Afrique incarnent une aubaine pour le secteur de la téléphonie. « Il s’agit d’une population plus importante que l’ensemble de l’Union européenne, et la Chine cherche à s’assurer que lorsque toutes ces personnes auront enfin accès aux réseaux mobiles, ce sera par le biais d’appareils chinois connectés à un fournisseur de télécommunications utilisant une infrastructure chinoise », explique Peter Wanyonyi.

Pour les entreprises chinoises, les marchés occidentaux ne sont actuellement pas les plus propices à des perspectives commerciales. « Comme les marchés occidentaux continuent de bloquer les produits Huawei, je suis sûr que les marchés africains deviendront plus importants pour eux [les acteurs chinois] », soutient Henry Tugendhat. Mis à part Huawei, Xiaomi et Transsion, d’autres acteurs chinois s’y positionnent : Gionee, Oukitel, X-Tigi, Ulefone et iBRIT. Transsion est présent sur ce marché depuis 2008 avec l’ouverture d’un premier bureau au Nigeria.

Du côté des entreprises occidentales, ce sont des parts de marché qui se perdent. « Je trouve intéressant que […] la Chine ait produit des séries de téléphones avec des niveaux de prix différents et des caractéristiques adaptées aux marchés du Sud, alors que l’économie de marché libérale des États-Unis n’a qu’Apple comme marque internationale à succès », soulève Henry Tugendhat, analyste à l’Institut des États-Unis pour la paix.