La Banque de France a annoncé le 10 juin qu’elle allait expérimenter l’utilisation de Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC) « dans un contexte transfrontière », vers la Banque Nationale Suisse. Le transfert n’est pas celui de madame et monsieur tout le monde, il s’agit de monnaies numériques réservées aux intermédiaires financiers dit « de gros ».

Un transfert de MNBC nommé Jura

Cette expérimentation d’utilisation transfrontalière de monnaie numérique va être menée avec le pôle innovation de la Banque des Règlements internationaux et avec un groupement momentané d’entreprises (GME) dont font partie les banques Natixis, UBS, Credit Suisse de l’opérateur boursier SIX Digital Exchange et de la Fintech R3.

Le transfert va consister en un échange de MNBC en euros contre une MNBC en franc suisse via un mécanisme de règlement « paiement contre paiement » par des établissements domiciliés des deux côtés de la frontière. D’où le nom de ce test, le « projet Jura », en référence à la chaîne de montagnes qui sépare les deux pays. D’après Reuters, il s’agit d’une première.

Sylvie Goulard, sous-gouverneur de la Banque de France, s’est dit « convaincue des avantages potentiels que recèle une MNBC de gros en vue de maximiser la sécurité et l’efficacité des opérations financières ». L’institution a lancé un programme expérimental l’année passée sur les implications des monnaies numériques.

Les banques centrales à l’affût des monnaies numériques

Une préoccupation qui occupe la plupart des institutions à travers le monde et bien entendu la Suisse : « La Banque Nationale suisse analyse déjà le règlement d’actifs tokenisés en MNBC de gros dans le cadre du projet Helvetia. Nous nous réjouissons d’étendre ces travaux à un contexte transfrontière en participant à cette initiative captivante », a déclaré Andréa M. Maechler, membre de la Direction générale de la Banque Nationale suisse.

Une feuille de route pour l’amélioration des paiements transfrontaliers a été dressée par le G20 il y a quelques années pour coordonner internationalement les efforts dans le domaine. La Chine et les Émirats arabes unis ont également rejoint un programme similaire de transfert de MNBC, baptisés m-bridge. Si beaucoup voient en la MNBC la solution qui, à terme, va faire disparaître les bons vieux billets, la banque centrale de Suède n’est pas aussi confiante d’après ses premières expérimentations. D’où la multiplication d’expérience comme celle de la Banque de France et Banque Nationale Suisse.