En Chine, depuis un peu plus d’un an, plusieurs projets pilotes d’utilisation du yuan numérique sont menés. Près de 200 millions de yuans (de l’ordre de 26 millions d’euros) ont été injectés dans des phases tests de la monnaie numérique chinoise. Depuis avril 2021, le projet de monnaie numérique de banque centrale (MNBC) chinoise prend un tournant international.

« Nous pouvons envisager d’autoriser les acteurs économiques ayant une forte activité internationale et une capacité à contrôler les risques à utiliser le yuan numérique dans le cadre d’un projet pilote de conversion des monnaies numériques », explique Xing Yujing, haut responsable de la banque populaire de Chine (PBOC), à un média rattaché à l’agence de presse Xinhua rapporté par South China Morning Post.

En avril 2021, un projet commun avec les autorités monétaires hongkongaises a commencé. Hong Kong abrite une place boursière internationale, cette coopération témoigne donc des ambitions mondiales de la MNBC chinoise. La PBOC discute également avec la Thaïlande et les Émirats arabes unis pour utiliser le e-yuan lors de transactions internationales. Un haut responsable de Macao, région autonome à proximité de Hong Kong connue pour être le « Las Vegas asiatique », a annoncé l’esquisse d’un projet de loi pour réglementer les monnaies numériques.

Plusieurs projets pilotes de yuan numérique à travers la Chine

Les premières lueurs du projet du e-yuan ont percées en avril 2020 avec la diffusion d’une capture d’écran présentant une version test de la Banque agricole de Chine. Le mois suivant, en mai, des essais sur l’utilisation du e-yuan ont commencé dans quatre villes : Shenzhen, Suzhou, Chengdu et Xiongan. En août 2020, d’autres banques ont annoncé rejoindre les expérimentations de MNBC : la Banque de Chine, la China Construction Bank et la Banque industrielle et commerciale de Chine.

En octobre, lors d’une semaine d’essai du yuan numérique, plus de 47 000 habitants d’un quartier de Shenzhen ont dépensé 8,8 millions de e-yuans (quelque 1 million d’euros). Pour cet essai, 1,9 million de personnes ont reçu 200 yuans numériques (environ 25 euros) et 62 000 transactions ont été effectuées. À Suzhou, en décembre 2020, les résidents ont reçu 20 millions d’e-yuans (près de 2,6 millions d’euros) pour participer à la phase test. En janvier 2021, un nouveau projet a émergé à Shenzhen. Une nouvelle fois 20 millions de yuans ont été injectés. En avril 2021, Pékin, Shanghai et le Guangdong rejoignent la danse.

Des marques étrangères ont participé à ces phases test, notamment Starbucks, McDonald’s et Subway. Ces enseignes ont été sélectionnées par la PBOC. Bien entendu, des entreprises locales ont également participé au projet pilote, notamment Ant Group, Tencent, la plateforme de VTC Didi Chuxing, ainsi que des restaurateurs et petits commerces.

« Nous devons construire un environnement juridique et réglementaire approprié »

Mis à part pour des achats en magasin et en ligne, le yuan numérique a servi à payer les cotisations au Parti Communiste chinois et pour certains paiements d’institutions publiques. Dans la ville de Suzhou, la moitié des subventions de voyages versées aux fonctionnaires ont été payées en e-yuan.

La Chine n’a pas encore annoncé de date de lancement pour sa MNBC. « Il y a plusieurs choses que nous devons faire avant de pouvoir déployer la monnaie numérique à l’échelle nationale […] Nous devons construire un environnement juridique et réglementaire approprié », explique une personne proche du sujet à South China Morning Post.

Poussée par le succès des plateformes de e-commerce d’Alibaba, Tencent et Baidu, la Chine s’investit dans les monnaies numériques depuis 2014. Elle n’est d’ailleurs pas la seule. La Suède et le Japon ont commencé à tester leurs propres MNBC. L’Union européenne et les États-Unis envisagent également de créer leurs monnaies numériques, mais les projets sont à leurs débuts.