ByteDance se positionne sur le marché de l’EdTech avec sa lampe intelligente « Dali » qui fait un carton en Chine. Annoncée en octobre 2020 au prix de 119 dollars, le succès était au rendez-vous dès le premier mois avec 10 000 unités vendues.

D’après le Wall Street Journal, la lampe possède un écran de la taille d’un smartphone, deux caméras, un micro et un assistant intégrés permettant de communiquer via internet. Une caméra filme l’utilisateur de face, l’autre prend une vue d’ensemble. Bien entendu, elle diffuse également de la lumière. Un modèle à 170 dollars envoie des alertes et des photos aux parents quand l’enfant s’avachit.

Ce succès de la lampe « Dali » se traduirait par un intérêt croissant des familles pour les objets connectés, qui espèrent que cela aide leurs enfants à avoir de meilleurs résultats scolaires. Pour la maison-mère de TikTok l’outil serait particulièrement utile pour les parents débordés voulant aider leurs enfants dans les devoirs en surveillant leur sérieux.

Quel usage futur pour les données de « Dali » ?

Ni Ying, fait partie des mamans ayant acheté la lampe. Elle a même ajouté 350 euros pour que trois enseignants observent sa fille à distance, chaque jour, pendant qu’elle fait ses devoirs sur une plage horaire de deux heures, « C’est beaucoup plus efficace : ma fille fait son travail et si elle a besoin d’aide, les enseignants sont là pour l’aider. Je me suis sentie moins agitée par ses devoirs et la lampe a amélioré notre relation », explique-t-elle. ByteDance précise que la surveillance à distance s’active uniquement si les parents de l’enfant l’autorisent.

« En Asie, les parents sont moins obsédés par l’idée de surveillance et ils considèrent souvent le contrôle parental comme une bonne chose », soutient le professeur de l’université de Singapour Sunsun Lim. Si ByteDance avance comme argument de vente l’utilité éducative, d’autres y voient un outil d’intrusion, une porte d’entrée pour la rencontre des plus jeunes avec Big Brother.

Les usages futurs des données amassées par la lampe ont de quoi interroger. S’il est possible qu’elles ne soient jamais utilisées, elles pourraient l’être pour mesurer le sérieux de l’enfant ou sa manière de travailler, afin de déterminer, par exemple, quelles études il peut poursuivre.

L’EdTech se développe dans les écoles chinoises

Le Wall Street Journal note des signes de sensibilisation croissante sur la notion de vie privée parmi des citoyens chinois. Sun Chang, maman d’un garçon de CM2, ne souhaite pas que son fils s’appuie sur cette nouvelle technologie, « Les enfants ont eux aussi le droit à la vie privée, et ce n’est pas quelque chose que les parents peuvent leur enlever », soutient-elle. D’autres arguments sont avancés contre la lampe « Dali » : ce serait un recours facilité à internet pour chercher une information, et donc une baisse de la qualité de l’apprentissage.

Bien que le gouvernement déclare s’inquiéter de l’inégalité de chances causées par les enfants n’ayant pas accès à ces technologies, l’EdTech se développe fortement en Chine. Ces dernières années, les écoles chinoises se sont progressivement équipées de serre-tête surveillant l’activité cérébrale, d’uniformes dotés d’outils de géolocalisation, ou encore de robots « surveillants » qui enregistrent la présence des enfants tout en analysant leur comportement et en les reprenant si besoin. Là où la lampe « Dali » marque un pas de plus dans la démocratisation de l’Edtech, c’est sur son développement au sein des foyers.

La lampe intelligente de ByteDance s’inscrit dans une gamme d’outils du même nom, Dali Education. ByteDance commercialise notamment une application d’apprentissage de l’anglais : Gogokid. Pour le moment, aucune information n’est sortie quant à une éventuelle commercialisation de la lampe « Dali » en Europe. En mars 2021, Tencent a annoncé la sortie de sa propre lampe éducative.