120 millions de degrés… Une température un brin trop élevée pour la plage, mais propice à la production d’énergie. Le 28 mai 2021, le projet expérimental de fusion nucléaire chinois, aussi connu sous le nom de Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST), ou encore appelé « soleil artificiel », franchit une nouvelle étape.

D’après l’agence de presse Xinhua, relayée par South China Morning Post, l’un des soleils artificiels chinois a maintenu des températures extrêmes 5 fois plus longtemps que le précédent record. Dans la ville de Hefei à l’est de la Chine, le tokamak, soit le dispositif de confinement magnétique expérimental explorant la physique des plasmas, ou plus vulgairement l’endroit où est conservé le « soleil artificiel », a enregistré une température du plasma de plus de 120 millions de degrés Celsius pendant 101 secondes. Le plasma est un état de la matière, au même titre que les états solides, liquides et gazeux. Le tokamak de la ville de Hefe a également atteint une température de 160 millions de degrés, mais pendant 20 secondes.

En 2020, la température du tokamak de Hefei a atteint 100 millions de degrés Celsius pendant 20 secondes. Ce seuil de température avait déjà été franchi en 2018 mais sur une période plus courte. La même année, le tokamak de Chengdu a chauffé à 150 millions de degrés pendant 10 secondes. L’objectif de ces projets réside dans la production d’énergie et sa récupération. En stabilisant le plasma dans un champ magnétique, il est possible de transférer son énergie vers des parois vides du tokamak, la capter et la transformer en électricité. À de telles températures, le plasma est instable et par conséquent dangereux. C’est pourquoi il est enfermé dans le tokamak.

La France héberge un projet international de « soleil artificiel »

« Pour la Chine, le succès de l’expérience pose les bases de la construction de sa propre station d’énergie de fusion nucléaire », affirme Song Yuntao, directeur de l’Institut de physique des plasmas de l’Académie chinoise des sciences.

Les températures des « soleils artificiels » sont largement supérieures à celle du cœur du véritable soleil qui s’élève à 15 millions de degrés. Si le qualificatif a été choisi, c’est pour une réaction physique similaire : la fusion nucléaire. Aujourd’hui, c’est la fission nucléaire qui est utilisée pour la production d’électricité. Cependant, cette technique a son lot de désavantages, comme les déchets radioactifs. A contrario, la fusion ne rejette pas de déchets toxiques et n’émet pas de gaz à effet de serre, tout en s’appuyant sur une source d’énergie dite naturelle, inépuisable, peu risquée et peu coûteuse. Que demande le peuple ?

Des projets similaires ont fleuri à travers le monde, notamment en Europe, aux États-Unis et en Russie. Fin 2020, la Corée du Sud a maintenu une température de plus de 100 millions de degrés Celsius pendant 20 secondes. La France héberge le programme International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER) sur lequel travaillent 35 pays dont la Chine. En février 2021, l’Union européenne y a investi 6,8 milliards de dollars. L’ITER ambitionne de générer du plasma d’ici 2025. La China National Nuclear Corporation installera le cœur de l’équipement.