« Nous bâtissons ensemble l’aviation de demain », affirme le directeur des affaires sociales du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), Philippe Dujaric, à propos des recherches déployées pour réduire la pollution au sein de l’industrie aéronautique. Le GIFAS a présenté le 27 mai un projet qu’il soutient : le planeur électrique Euroglider. Un prototype de l’avion a été dévoilé à la presse à la base aérienne militaire d’Aix-en-Provence.

Le pilote lieutenant-colonel Axel Valat a fait trois tours dans les airs, et donc deux atterrissages, à bord de l’Euroglider. Une prouesse pour un appareil habituellement tracté par un autre avion pour décoller. En effet, un planeur vole uniquement grâce aux mouvements des masses d’air.

« On utilise l’énergie naturelle que sont les ascendances [de l’air] », explique Joël Denis, président de l’Association Européenne pour le Développement du Vol à Voile (ADEVV). Avant d’être en altitude et de pouvoir voler grâce aux mouvements de l’air, le planeur à besoin de l’énergie d’un autre appareil pour monter dans le ciel. Avec le planeur électrique Euroglider ce temps est révolu, le planeur s’envole par ses propres moyens.

Photographie du planeur électrique Euroglider attaché à une voiture pour être amené à la piste de décollage.

L’Euroglider prêt à être tracté pour être amené à la piste. La même méthode est utilisée lorsqu’un planeur est tracté par un avion pour décoller. Crédit : Julia Guinamard / Siècle Digital

La formation des pilotes simplifiées grâce à l’Euroglider

L’intérêt du planeur électrique Euroglider concerne principalement la formation des pilotes, plus particulièrement ceux de l’armée de l’Air. « C’est là où on coule la dalle, où l’on met les fondations », soutient le lieutenant-colonel Dimitri. Savoir piloter un avion sans moteur peut s’avérer utile dans des situations que la majorité des passagers de vols commerciaux ne voudrait pas connaître. En planeur, les futurs pilotes apprennent à comprendre le sens du vent ou encore à ne pas être malades dans certaines conditions de vol.

Photographie du pilote de l'Euroglider entrain de mettre son parachute.

Le pilote de l’Euroglider enfile son parachute avant le décollage. Crédit : Julia Guinamard / Siècle Digital

En s’émancipant d’un avion remorqueur pour s’envoler, l’Euroglider fait gagner du temps et de l’argent. Avec un planeur traditionnel, une heure de vol nécessite une journée entière. En décollant sans l’aide d’un autre avion, une heure de vol demande une heure et demie de présence. Le gain de temps est non négligeable.

Par ailleurs, en compensant certains vents, le moteur permet de voler toute l’année, sous des conditions météorologiques auparavant disqualificatives. Sans moteur, mis à part en montagne où les conditions sont particulières et clémentes pour la pratique, le vol à voile se pratique 10% à 20% de l’année, matins exclus.

Photographie du planeur électrique Euroglider avant son atterrissage.

L’Euroglider avant son atterrissage. Crédit : Julia Guinamard / Siècle Digital

L’innovation principale de l’Euroglider porte sur ses deux moteurs

Dans une mesure moindre, mais pas sans importance, l’avion bénéficie à la pratique loisir. Le moteur électrique émet moins de bruit, cela s’avère utile pour les riverains subissant les nuisances sonores d’une base aérienne. Le gain est de 20 à 25 décibels. « On sent plus une vibration qu’un bruit », affirme à Siècle Digital le pilote. Enfin, un moteur électrique peut rassurer les nouveaux pratiquants en agissant comme une sécurité, et donc attirer des novices. De manière moins sûre, l’avancée pourrait servir à rendre les vols commerciaux plus écologiques. « Il coche toutes les cases », revendique Philippe Dujaric.

Photgraphie du pilote à bord du planeur électrique Euroglider.

Le pilote à bord du planeur électrique Euroglider. Crédit : Julia Guinamard / Siècle Digital

Dans le jargon, le planeur est un biplace de formation initiale et d’entraînement autonome à propulsion électrique. Ici, le sens du mot autonome n’est pas le même que pour les voitures. Il est seulement question ici de l’absence de besoin de l’avion remorqueur. La propulsion électrique se démarque à la fois pour ses performances en matière d’autonomie de vol et pour sa fiabilité d’emploi.

L’Euroglider possède deux moteurs, faisant sa particularité, chacun dotés d’une puissance de 25 kilowatts. Ils sont collés aux hélices et placés derrière le siège du pilote. Leur position a été réfléchie afin d’éviter au pilote de sentir leur impact, notamment si l’un des deux venait à lâcher. L’avion a été testé avec un seul moteur, ses capacités sont restées inchangées et il n’a pas été déséquilibré. S’il existe déjà des motoplaneurs, des planeurs avec un seul moteur, ils ne peuvent que reprendre de la hauteur et un décollage leur est impossible.

 hélices et le moteur de l'Euroglider.

Zoom sur les hélices et le moteur de l’Euroglider. Les hélices se déploient et se rétractent automatiquement. Crédit : Julia Guinamard / Siècle Digital

Le prototype de l’Euroglider a été réalisé en modifiant un planeur existant. Si un constructeur le commercialise, les exemplaires pèseront 100 à 150 kg de moins que celui présenté à la base aérienne 701. Le modèle final devrait peser 550 kilos. Pour le moment aucune entreprise n’a annoncé sa production, y compris Dassault Aviation qui a participé au projet.

Lancé fin 2014, le projet de planeur électrique Euroglider s’inscrit dans un partenariat entre Dassault Aviation, les écoles d’ingénieurs du Groupe ISAE, dont l’école de l’Air est membre, et l’Association Européenne pour le Développement du Vol à Voile (ADEVV). Le GIFAS a seulement soutenu le projet. Par ailleurs, l’Euroglider s’inscrit dans le programme Clean Sky de la Commission européenne.