Nouvelles enquêtes à venir pour la start-up controversée Clearview. Le 27 mai l’ONG Privacy International a annoncé avoir déposé des plaintes auprès des gendarmes des données personnelles dans cinq pays européens, la CNIL, en France, en Autriche, en Italie, en Grèce et au Royaume-Uni.

Une start-up spécialisée dans la récolte de photo publique en ligne

Clearview AI est restée sous les radars du grand public jusqu’à la publication d’une vaste enquête du New York Times en janvier 2020. La start-up s’est spécialisée dans la vente de solution de reconnaissance faciale, principalement aux forces de l’ordre américaines. Ses systèmes fonctionnent grâce à une immense base de données récupérée sur internet, les réseaux sociaux.

Une nouvelle qui avait fait bondir Google, Twitter et Facebook à l’époque. En février 2020 les plateformes ont mis en demeure la start-up de cesser sa collecte et de ne plus utiliser les images ainsi récoltées.

En France et en Europe, les pratiques de Clearview entrent clairement en contradiction avec le RGPD. Le règlement européen impose à une entreprise de prévenir une personne au bout d’un mois si elle récolte ses données. L’exploitation de données biométriques est aussi très encadrée. Si pour alimenter sa base de données Clearview a, volontairement ou non, récolté des données sur des citoyens européens, les plaintes de Privacy International ont des chances d’aboutir.

Plusieurs enquêtes ont déjà été ouvertes par des polices de protections des données dans le monde. Une enquête est déjà en cours au Royaume-Uni et en Australie, des recours ont été déposés dans l’état de l’Illinois, aux États-Unis, Le Monde relaie également un rapport au vitriol des autorités canadiennes publié en février 2021.

Les gendarmes européens des données vont-ils se saisir du problème Clearview AI ?

Sollicitée par les députés européens en juin 2020 sur Clearview, l’autorité européenne de protection des données avait fait part « de ses préoccupations concernant certaines évolutions dans le domaine des technologies de reconnaissance faciale ». Les services de la start-up ont été jugés, en l’état, incompatibles avec le RGPD.

Dans une interview donnée en août 2020, le PDG de Clearview AI a reconnu la justesse de l’enquête du New York Times par laquelle la polémique est arrivée, tout en défendant son entreprise, « il y a eu beaucoup de controverses, mais fondamentalement, c’est un outil formidable pour la société […] ». Il s’est également facilité d’être « au centre du débat […] et de parler de la vie privée ». En Europe, si les différentes autorités saisies s’estiment compétentes pour enquêter, Clearview, reste effectivement d’occuper le centre du débat un bon moment.