Le procureur général de Washington D.C., Karl Racine, a déposé une action en justice devant la Cour suprême du District contre Amazon. Il reproche au géant du commerce en ligne d’imposer aux vendeurs tiers de sa plateforme des prix plus bas que sur d’autres sites.

Les rapports d’Amazon avec les vendeurs au cœur de la procédure

C’était une règle explicite jusqu’en 2019, Amazon interdisait aux vendeurs américains de sa marketplace de proposer les mêmes produits moins chers, ou à de meilleures conditions sur d’autres sites, y compris sur le site des vendeurs eux-mêmes. Depuis une nouvelle « politique de tarification équitable » a été mise en place.

Pour le procureur cette politique n’amène pas de grande liberté sur l’abus de position dominante dont l’entreprise de Jeff Bezos ferait preuve. Il estime que « Amazon gagne parce qu’il contrôle les prix sur l’ensemble du marché de la vente au détail en ligne, ce qui lui confère un avantage sur tous les autres ». Il affirme que certains vendeurs, craignant de ne pas être dans les clous, ont simplement supprimé leurs annonces d’autres plateformes.

Karl Racine considère que « Les politiques d’Amazon ont empêché les plateformes concurrentes, y compris les sites web des vendeurs eux-mêmes, de se battre sur les prix et de gagner des parts de marché ». Lésant autant l’innovation que les consommateurs.

Les pratiques d’Amazon sur sa marketplace sont régulièrement la cible de procédure pour abus de position dominante. L’Union européenne a lancé une enquête sur le sujet en novembre 2020 tout comme l’Allemagne, plus récemment.

Un porte-parole du géant de l’e-commerce a répondu sur l’affaire présente dans une déclaration à The Verge que « les vendeurs fixent leurs propres prix pour les produits qu’ils proposent dans notre magasin. Amazon est fier du fait que nous offrons des prix bas sur la plus large sélection, et comme tout magasin, nous nous réservons le droit de ne pas mettre en avant les offres aux clients dont le prix n’est pas compétitif ».

Petite ou grande conséquence ?

Pour le moment Karl Racine est seul dans sa démarche contre Amazon. L’impact de l’action judiciaire s’annonce limité. Limité dans le temps, parce que la procédure s’annonce longue, limité dans l’espace puisqu’elle ne s’appliquera qu’à Washington D.C.

Toutefois le procureur n’est pas n’importe qui. Il a été l’un des premiers à poursuivre Facebook en décembre 2018 dans l’affaire Cambridge Analytica, il est l’un des représentants majeurs de l’enquête antitrust conjointe des procureurs américains contre Google en 2019. Ces enquêtes sont toujours en cours, mais Karl Racine semble avoir les GAFAM dans son viseur.

Inquiétant pour les entreprises de la Tech, Karl Racine est l’un des noms qui circulent pour la nomination par Joe Biden au sein de la Federal Trade Commission selon le Wall Street Journal. L’autre nom qui circule à Washington pour la direction de la FTC est celui de Lina Khan, également réputée pour son hostilité à Amazon. Le message est envoyé.