Il aura fallu à Google quatre ans de préparation pour obtenir l’autorisation du Conseil municipal de San José, le 25 mai, afin d’entamer la construction de son méga campus en centre-ville. Un projet pharaonique, qui s’insère dans la volonté des grandes entreprises technologiques de construire plus de logements et de briser l’image de campus fermés.

Un village urbain, ouvert sur la ville

680 000m² de bureaux pour accueillir 20 000 travailleurs, 4 000 logements, 300 chambres d’hôtel, 800 résidences d’hébergement à court terme pour les entreprises, le tout sur un terrain de 35 hectares en plein centre-ville, les chiffres du futur campus de Google donnent le tournis. À titre de comparaison, l’Apple Park, à Cupertino, fait 260 000m² de bureaux pour 12 000 salariés. Le quartier représente le plus grand investissement privé de San José, 3e plus grande plus grande ville des États-Unis. CNBC rapporte que certains élus auraient même eu la larme à l’œil au moment du vote remporté à l’unanimité.

La somme globale mise sur la table n’a pas été révélée, mais au moins un milliard de dollars serviront aux infrastructures, parcs, allées, préservations des sites historiques, 265,8 millions pour les frais de terrains, etc. Le campus sera constitué en un véritable village urbain, avec ses lieux de loisirs, ses espaces verts ou résidentiels, les lieux de travail, etc.

Plan d'un quartier de San Jose géré par Google

Plan du campus de Google à San Jose. Crédit : Google

Le projet de Google, baptisé « Downtown West », se situe dans le quartier de la gare de Diridon et se veut à « usage mixte ». L’objectif est de changer la tradition du campus Tech isolé du reste de la ville. Une pratique de plus en plus critiquée avec sa tendance à uniformiser les pratiques culturelles autour du lieu d’implantations et provoquer une hausse des prix de l’immobilier aux alentours.

Un phénomène qui n’a pas épargné le projet de San José : selon les agences locales, la semaine qui a suivi l’annonce du projet en 2017, le prix des maisons a augmenté de 7% dans un rayon de 5km autour du quartier, de 25% six mois plus tard. Pour parer les critiques, Google s’est engagé à maintenir des loyers abordables pour un quart des logements prévus et à préserver les traits historiques et culturels de la ville.

Google et San José, main dans la main

L’entreprise a réussi à s’affranchir des différents obstacles à force d’accords, d’ajustements du projet, de négociations avec les associations et autres organisations locales. Sam Liccardo, le maire de San José a déclaré mardi, « Il y a une énorme méfiance à l’égard du gouvernement et de Big Tech et il aurait pu être facile pour beaucoup de membres de notre communauté de succomber simplement aux slogans et à la pensée simpliste, mais des milliers de personnes ont retroussé leurs manches. […] Plutôt que de se ranger dans un camp ou un autre, les membres de la communauté ont poussé et aiguillonné, et ont exhorté la ville et Google à s’étirer et à viser plus haut ».

Google s’est également félicité de cette victoire, « Ensemble, nous avons créé les bases d’un lieu équitable et axé sur l’environnement qui représente le meilleur de San José et de Google ». Les premiers travaux doivent être lancés dès 2022, mais le projet devrait parvenir à son terme après 10 à 30 ans de construction.