« Si l’optogénétique, technique existant déjà depuis une vingtaine d’années, a révolutionné la recherche fondamentale en neurosciences pour l’étude du fonctionnement des circuits neuronaux, c’est la première fois au niveau international que cette approche innovante est utilisée chez l’homme et que ses bénéfices cliniques sont démontrés », indique un communiqué (pdf) conjoint à l’Institut de la Vision, un centre de recherche public – privé, et à l’hôpital parisien des Quinze-Vingts.

Pour cause, un homme âgé de 58 ans atteint d’une maladie génétique dégénérative a partiellement retrouvé la vue grâce à l’optogénétique. Une première pour cette approche mêlant thérapie génique et stimulation lumineuse.

Pour discerner des formes, le patient atteint d’une rétinopathie pigmentaire – une maladie génétique dégénérative détruisant les cellules photoréceptrices de la rétine, souvent jusqu’à la cécité, touchant une personne sur 3 500 – porte des lunettes électroniques couplées avec un électroencéphalogramme. Les lunettes captent la lumière de l’environnement puis la projettent sur la rétine du porteur avec une couleur à longueur d’onde précise. Par ailleurs, le sujet s’est vu injecter la protéine ChrimsonR qui détecte la lumière ambrée. Le patient de cet essai a ainsi situé et touché des objets. Sept mois après avoir reçu l’injection de ChrimsonR, « le patient a commencé à rapporter des signes d’amélioration visuelle », indique le communiqué.

Photographie du patient équipé des lunettes et d'un électroencéphalogramme.

Le patient équipé des lunettes et d’un électroencéphalogramme. Crédit : Nature Medicine

Publié le 24 mai 2021 dans la revue Nature, l’essai clinique a mobilisé des chercheurs français, suisses et américains. En plus de l’institut et de l’hôpital français, l’université de Pittsburgh, l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de Bâle, la société Streetlab et la biotech française GenSight Biologics ont participé à cet essai clinique. Cocorico, le patient ayant recouvré partiellement la vue vient également de l’hexagone.

Les personnes aveugles atteintes de maladies neurodégénératives des photorécepteurs ayant toujours un nerf optique fonctionnel pourront potentiellement recevoir le traitement. Néanmoins, le Professeur José-Alain Sahel et fondateur de l’Institut de la vision précise qu’il « faudra du temps avant que cette thérapie puisse être proposée ».