Excel n’est plus adapté aux contraintes Big data des entreprises et au besoin d’accéder à des informations fiables et instantanées. Parallèlement, Microsoft prépare ses clients à une migration tout en douceur vers la Power Platform, dont Power BI est le maillon central.

La confusion et le désordre, prémices du déclin d’Excel

Excel est aujourd’hui utilisé par plus d’un milliard de personnes dans le monde selon le site Office Central. Le logiciel au X blanc sur fond vert, dont la première version est sortie en 1985, a connu une adoption sans égal dans l’histoire de l’informatique. Y a-t-il une seule entreprise occidentale qui n’a jamais exploité Excel ? « 80% de la logique du monde est dans Excel » affirme l’experte en technologie néerlandaise Wouter de Kort, ingénieure logiciel chez Stack Overflow.

En raison du grand nombre de fonctions qu’il propose, et qui n’a cessé de croitre avec les années, mais également de son prix très faible, Excel est devenu l’instrument de calcul privilégié de presque tous les métiers : contrôle de gestion, ressources humaines, marketing, qualité, opérations …

En 2021, cette prédominance d’Excel semble avoir atteint son point culminant. Des groupes du CAC 40 comme Total ou Orange génèrent la plupart de leurs reportings financiers depuis cet outil. Pour cela, les métiers utilisent des scripts VBA et des formules complexes, difficilement maintenables et peu robustes. Surtout, les « systèmes » construits sur Excel sont en silo et ne sont pas gouvernés par l’IT, ils sont au contraire stockés en local sur les PC de chaque utilisateur.

Reprendre la main sur les données

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Eléments différenciants de Power BI par rapport à Excel

En migrant leurs rapports vers Power BI, Microsoft et ses partenaires s’engagent à clarifier le processus de collecte, de traitement et de restitution des données. Dans Power BI, qui a justement repris d’Excel les blocs fondamentaux que sont Power Query -pour extraire, transformer et charger-, et Power Pivot -pour la modélisation-, les données sont gérées dans tout leur cycle de vie, quelque soit leur volume, quelque soit leur vitesse, et quelque soit leur variété.

Lorsque je forme les utilisateurs sur cet outil, j’emploie généralement l’allégorie de la rivière afin de bien leur expliquer que, depuis la source des données jusqu’à leur déversement dans l’océan (qui est le Cloud Microsoft Azure), les données pourront connaitre toutes sortes d’opérations. Cette approche structurée, de l’amont jusqu’en aval, contraste avec Excel, qui peut difficilement traiter des volumes de données supérieurs à 100 000 lignes.

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Allégorie de la rivière

Autre différence : dans la plupart des projets de reporting, il est nécessaire de restreindre l’accès de certains utilisateurs à des données spécifiques, par exemple les ventes du pays France aux commerciaux de la zone France. Mettre en place cela dans Excel peut rapidement se transformer en usine à gaz, en dupliquant les fichiers ou en appliquant des filtrages dans des macros VBA. Dans Power BI, c’est une fonction native qui est nommée RLS (pour row level security).

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Illustration de la RLS, fonction permettant de restreindre l’accès aux utilisateurs en fonction de leur profil

Faciliter la maintenance des règles métier

Les règles métier sont le « cœur du réacteur » de chaque projet. Dans Excel, celles-ci seront exprimées soit en formules Excel, soit en code VBA, soit les deux.

Sur l’un comme sur l’autre, Microsoft a certes créé beaucoup d’outils de débogage et d’analyse, notamment les fonctions « repérer les antécédents », « évaluer la formule », ou bien la fenêtre d’exécution et la fenêtre d’espions dans l’éditeur VBA. Mais ce n’est pas suffisant.

Dans Power BI, le processus est grandement simplifié grâce au système d’ « étapes appliquées » que permet Power Query, qui retrace automatiquement l’ historique des traitements effectués. La maintenance du code s’en trouve grandement simplifiée par rapport à Excel.

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Redonner de la valeur à l’information

Tout reporting créé sur Power BI a pour vocation d’être partagé. Pour cela, il devra être publié dans le Cloud, sur un espace de travail dédié, par exemple ‘Contrôle de gestion’ ou bien ‘Ressources humaines’. Cette logique rompt avec celle d’Excel, qui prévoit de stocker un fichier sur un serveur ou de l’envoyer par mail. Le reporting sera ensuite actualisé automatiquement, par exemple toutes les nuits à 23 heures, autre point différenciant que Power BI propose.

Les rapports, accessibles sur navigateur web ou sur téléphone, pourront être exportés en PDF ou en Word, et des alertes pourront être paramétrées dès qu’un seuil est franchi. Sur toutes ces possibilités offertes par Power BI, Excel ne propose pas de fonctionnalités natives.

En conclusion, l’adoption de Power BI devrait continuer à croître ces prochaines années, alors que Microsoft investit massivement sur ce logiciel, qu’il travaille sur son interopérabilité avec d’autres outils, tels que Power Automate et Power Apps, et que ses ingénieurs continuent à y ajouter des dizaines de nouvelles fonctions chaque mois. Preuve de ce succès, Power BI est désormais le leader incontesté depuis 3 ans face à ses rivaux Qlik et Tableau sur le Magic Quadrant 2021 de Gartner pour les plates-formes BI et analytiques.

Ancien salarié Orange, puis consultant en Business Intelligence, Augustin de la Fouchardiere est le fondateur de MYPE, une société de conseil et de formation spécialisée sur Microsoft Power BI.