Au salon de l’automobile de Shanghai qui s’est déroulé en avril 2021, les acteurs traditionnels du secteur, tels qu’Audi, BMW ou Volkswagen, étaient bien présents pour dévoiler leurs nouveautés. Néanmoins, ce sont les entreprises de la tech comme Huawei et Baidu qui ont attiré les foules. D’après Bloomberg, les participants au salon se sont rués vers les stands des deux géants technologiques chinois ; attendant des heures pour prendre en photo les derniers systèmes de capteurs ou les tableaux de bord dernier cri. Avec près de 19 milliards de dollars investis par Huawei, Baidu, et Xiaomi dans des projets de voitures électriques et de conduite autonome, les innovations ont de quoi faire rêver.

En avril 2021, Huawei a annoncé un projet d’investissement d’1 milliard de dollars. L’entreprise chinoise a profité de l’occasion pour annoncer avoir dépassé Tesla dans certains domaines. À la même période, en partenariat avec le constructeur automobile Beijing Automotive (BAIC), Huawei a dévoilé une berline utilisant une technologie de conduite autonome. Cette voiture doit voir le jour au quatrième trimestre 2021.

Huawei n’a pas pour ambition de devenir constructeur automobile, mais de s’associer à des acteurs déjà établis et de faire apparaître son nom en tant que sous-marque. En effet, fabriquer des voitures demande de lourds investissements que Huawei consacre à l’innovation numérique. C’est pourquoi le géant chinois de la tech s’est également associé aux constructeurs Chongqing Changan Automobile et Guangzhou Automobile. Pour les acteurs du numérique investissant dans la conduite autonome, les revenus se font principalement sur les mises à jour et les abonnements aux logiciels, et non sur la vente de voitures.

Xiaomi investit 10 milliards

« La Chine compte 30 millions de nouvelles voitures supplémentaires chaque année et ce nombre ne cesse d’augmenter […] Même si nous ne touchons pas aux marchés en dehors de la Chine, si nous pouvons gagner en moyenne 10 000 yuans (de l’ordre de 1 300 euros) pour chaque voiture vendue en Chine, c’est déjà une très grosse affaire », estime le vice-président de Huawei Eric Xu.

Pionnier chinois, Baidu s’intéresse depuis 2013 aux véhicules intelligents, notamment en investissant dans des robots-taxis. En avril 2021, Jidu Auto, la coentreprise de Baidu et du constructeur chinois Geely, a annoncé un investissement de 7,7 milliards de dollars sur 5ans. L’objectif : une première voiture dans 3ans avec une nouvelle version tous les 12 à 18 mois.

Du côté de Xiaomi, un investissement de 10 milliards de dollars a été annoncé pour la prochaine décennie. Mis à part que l’entreprise va lancer une nouvelle branche spécialisée sur la conduite autonome et compte devenir leader du secteur, peu de détails sont connus sur ce financement. « Nous avons des poches profondes pour ce projet », soutient Lei Jun, un des cofondateurs de Xiaomi.

Le marché chinois des véhicules électriques en mutation

Aux yeux de Stephen Dyer, manager au cabinet de conseil Alixpartners, premier arrivé sur le marché, n’est pas forcément synonyme de plus de performance : « En fait, dans l’industrie automobile, le premier venu ne gagne jamais. C’est toujours le suiveur qui gagne, parce que lorsque vous êtes le premier, c’est vous qui payez pour apprendre à travers toutes les erreurs ».

À Shanghai, des bruits de couloirs évoquent une inflation du prix des véhicules électriques due à la suppression de la gratuité de l’immatriculation. Depuis les années 90, l’immatriculation d’une voiture à Shanghai est payante, mais, depuis 2018, les voitures électriques en sont exonérées. Actuellement, le prix de l’immatriculation s’élève à 10 0000 yuans (environ 13 000 euros). Ce qui est trois fois plus cher que la Hongguang Mini, la voiture électrique la plus vendue en Chine. Selon les médias locaux relayés par South China Morning Post, un document officiel doit paraître dans les semaines à venir.

Par ailleurs, comme en témoigne l’interdiction des militaires et fonctionnaires chinois d’acheter des Tesla, les opportunités chinoises pour les entreprises américaines se restreignent. Pour Tesla qui a connu une croissance de son chiffre d’affaires de 74% au premier trimestre 2021, l’enjeu est de taille. En effet, la Chine incarne le plus grand marché automobile du monde. Les Tesla vont donc progressivement disparaître des paysages chinois au profit de constructeurs nationaux.

Apple figure également dans la course aux véhicules autonomes avec son « Projet Titan » ou sa clé de voiture numérique compatible avec les véhicules BMW. Google, avec sa filiale Waymo, y travaille aussi.