Facebook publie mensuellement, depuis 3 ans, des rapports sur ce que le réseau social nomme des « Coordinated inauthentic behaviour » (CIB). Ces rapports détaillent les tentatives de manipulation de l’opinion publique via des réseaux de faux comptes principalement. C’est dans le cadre d’un de ces rapports que Facebook avait révélé des tentatives de désinformation de la part de l’armée française en Afrique.

Des comptes Facebook pro-russes et antifrançais en République centrafricaine

Dans le rapport d’avril (pdf), c’est au tour de la France d’être victime d’une campagne de dénigrement en Afrique. Facebook a supprimé 46 comptes, 32 pages et 6 comptes Instagram. Selon le réseau social, il s’agissait de faux comptes ou faux sites d’informations qui soutenaient activement la politique russe en République centrafricaine.

À l’inverse ils critiquaient celle de la France et la mission de maintien de la paix des Nations Unies. L’enquête de Facebook a révélé que cette campagne était menée par une ONG en République centrafricaine nommée ANA.

post facebook supprimé pour tentative de désinformation

L’un des post supprimé par Facebook. Crédit : Facebook

Les campagnes électorales, terrain idéal pour les CIB

Au total Facebook a annoncé avoir démantelé 9 réseaux de désinformations dans 6 pays différents en avril. Au total 1 565 comptes Facebook ont été supprimés, 141 comptes Instagram, 724 pages et 63 groupes.

La moitié de ces suppressions concernent des pays où des élections sont en cours ou vont avoir lieu dans les semaines ou mois à venir. C’est le cas de la Palestine, élection législative programmée début mai, du Mexique, élections législatives programmées le 6 juin, et du Pérou, élection générale se déroulant du 11 avril au 6 juin.

Les tentatives de manipulations viennent de partis politiques, comme le Fatah, en Palestine, soit de candidat comme Octavio Pedroza, en lice pour l’élection de gouverneur dans l’état de San Luis Potosí au Mexique, soit enfin de société de relation publique comme Marketing Politico Elohim au Pérou.

Les tensions internationales ou nationales se transposent sur Facebook

En Azerbaïdjan c’est une campagne de valorisation de l’armée et de dénigrement contre l’Arménie qui a été stoppée. Les deux pays ont été en guerre ouverte en 2020. La campagne aurait été téléguidée par des personnalités proches du ministère des Armées d’Azerbaïdjan.

Les deux derniers réseaux concernent l’Ukraine, l’un des pays où le plus grand nombre de campagnes CIB ont été détectées par Facebook. Un phénomène logique étant donné la situation particulièrement instable du pays. Le premier à être supprimé était déjà moribond, car exposé par un média local. Le second, en revanche, a été démantelé grâce à un signalement du FBI.

Les organisateurs du réseau de désinformation étaient liés à des personnes sanctionnées par le département d’État américain, notamment pour ingérence électorale aux États-Unis. Facebook précise que dans ce cas précis, les campagnes ne concernaient que les affaires internes ukrainiennes.

Aux pays de décider comment réagir

Facebook met en avant ses progrès dans la détection de comportements anormaux visant à manipuler l’opinion publique, mais admet la difficulté de l’exercice. Le réseau social précise que ses rapports et enquêtes sont partagés avec des chercheurs, des partenaires, les forces de polices locales et les services gouvernementaux des pays concernés. C’est ensuite aux autorités compétentes de réagir ou non.