C’était il y a une semaine à peine, Amazon dévoilait les chiffres records de son premier trimestre 2021 (8,1 milliards de dollars de bénéfices, soit une hausse de 220% par rapport à l’année précédente). Quelques jours après, les lignes des investissements à venir commencent à se dessiner.

Lors d’un appel avec les investisseurs, le CFO d’Amazon Brian Olsavsky présentait les axes sur lesquels la firme allait se positionner. Au premier rang, le CFO a ainsi signalé que l’expansion logistique serait un pilier majeur des investissements à venir. Elle est en effet essentielle pour la stratégie d’Amazon, qui cherche à accélérer les livraisons et, à l’avenir, à rendre la livraison de colis encore plus rentable.

Amazon va réinvestir ses bénéfices dans la logistique

Alors que la pandémie de coronavirus a poussé de nombreuses entreprises à freiner dépenses, Amazon a pris le contrepied en réinvestissant ses bénéfices dans son expansion, s’appuyant sur ses deux leviers en matière de transport et de logistique dans tout le pays. Selon M. Olsavsky, la société a investi sur tous les tableaux : nouveaux entrepôts physiques, et développement des flottes d’avions et de camions de transport. Amazon continue également à développer son réseau de livraison sous contrat, souvent reconnaissable à ses camionnettes bleues, et supervise désormais plus de 100 000 chauffeurs.

En février dernier, l’institut Chaddick de l’université DePaul publiait un rapport montrant qu’en un an d’existence, la compagnie cargo Amazon Air aura doublé son activité entre mai 2020 et juin 2021. « Au fur et à mesure que de nouveaux avions sont ajoutés à la flotte, nous prévoyons que le nombre de vols passera à plus de 160 d’ici juin 2021 », comme l’indique le rapport de l’institut.

Celui-ci faisait par ailleurs suite à une annonce de janvier 2021, dans laquelle Amazon révélait avoir acheté 11 avions, des Boeing 767-300. Première acquisition dans le genre pour l’entreprise jusque-là habituée à opérer via du leasing. « Le fait d’avoir au sein de notre flotte grandissante un mélange d’avions en leasing et achetés, nous permet de mieux gérer nos opérations, ce qui nous aide à tenir nos promesses envers nos clients », déclarait dans le communiqué la vice-présidente d’Amazon Global Air, Sarah Rhoads.

Investissements attendus dans entrepôts et flottes de livraison

La société fondée par Jeff Bezos continue sa course effrénée vers une autonomie totale dans le secteur de la distribution. Même si un rapport d’août dernier estimait qu’Amazon livrait 2/3 de ses produits en propre, les ambitions sont grandes. L’objectif final serait de se détacher des partenariats signés avec des prestataires de renoms dans la distribution comme FedEx, UPS et la poste américaine.

« Ce que nous voyons qui est très utile, c’est la capacité de contrôler l’ensemble du flux de produits de l’entrepôt au client final », a déclaré Brian Olsavsky aux investisseurs lors de la conférence téléphonique. « Cela a transformé ce qui était normalement un processus par lots, où nous remettions un grand lot de commandes à un tiers une fois par jour, disons, en un processus à flux continu où nous avons continuellement des commandes qui quittent nos entrepôts cinq, six fois par jour, qui passent par le middle mile, puis la livraison finale, soit par nos chauffeurs AMZL, soit par des partenaires [de livraison sous contrat]. »

Il faudra bien compter sur un réseau logistique conséquent, l’entreprise vient de dépasser la barre des 200 millions d’abonnés à son service Amazon Prime. Avec 50 millions d’abonnés gagnés depuis le début de la pandémie, ce sont autant de consommateurs avides de recevoir leurs commandes en des temps records. Pour étendre sa couverture logistique, l’entreprise réfléchit par ailleurs à un nouveau service pour livrer les zones rurales. En France, c’est un nouvel entrepôt de 50 000 mètres carrés au sol qui va voir le jour à Metz en août prochain. Soit un huitième entrepôt dans l’Hexagone, et 1000 recrutements supplémentaires à la clé.

Vol de données, concurrence déloyale, et pratiques RH douteuses

Amazon se satisfera en tout cas de l’attention portée à ses résultats et investissements futurs, plutôt qu’à ses déboires. Le 4 mai, les journalistes de Politico rapportaient une nouvelle preuve de pratique anticoncurrentielle à laquelle ils ont eu accès. Le rapport précise que des milliers d’employés se seraient servis de données non-publiques de vendeurs tiers pour faciliter les ventes de l’entreprise. Toujours sur la confidentialité des données, c’est le Wall Street Journal qui rapportait qu’Amazon aurait fait pression sur plusieurs petites entreprises, les forçant à divulguer les données de leurs utilisateurs.

Quelques semaines auparavant, Amazon défrayait la chronique après être illégalement intervenu dans des élections syndicales. En Inde, ce sont les livreurs de l’entreprise qui organisaient en mai dernier une grève nationale, protestant contre la réduction du montant payé par colis livré.