Une estimation de l’entreprise américaine de gestion d’actifs Fidelity Investments réduit de moitié la valorisation de la branche financière d’Alibaba, Ant Group, le propriétaire de l’application de paiement Alipay.

La dégringolade d’un titan de la finance

Alors qu’en novembre 2020, la filiale financière d’Alibaba a failli signer l’entrée en bourse la plus importante de l’histoire avec une valorisation à 315 milliards de dollars, la suspension de la transaction par le gouvernement chinois a changé la donne. Depuis, la valorisation d’Ant Group dégringole. En mars 2021, les investisseurs de la fintech estimaient Ant Group à 200 milliards. Cette fois-ci, d’après le Wall Street Journal, Fidelity Investments, qui détient des actions dans le conglomérat, est d’autant plus sévère et évalue le groupe à 144 milliards de dollars.

Cette baisse s’explique par le remodelage des activités d’Ant Group, la restructuration organisationnelle de l’entreprise, une enquête antitrust qui s’est accompagnée d’une amende record, ou encore la disparition passagère de son fondateur Jack Ma. Cette frénésie s’explique en partie par la volonté de Pékin d’accéder aux nombreuses données d’Ant Group. Pour cause, plus d’un milliard d’utilisateurs se servent d’Alipay. Entre juin 2019 et 2020, l’application a traité plus de 17 000 milliards de dollars de transactions. Par ailleurs, Ant Group propose plusieurs produits comme des contrats d’assurance, des fonds mutuels ou encore des prêts qui ont mis à mal le système bancaire. Un éventail d’activités financières qui tend vers une réduction au fil des restructurations imposées.

Sur le long terme Ant Group reste intéressant pour les investisseurs

Ce sont donc ces éléments qui ont poussé Fidelity Investments à revoir à la baisse la valorisation de la branche financière d’Alibaba. Cette perte de valeur n’est pas nécessairement une fatalité, ni pour l’entreprise américaine ni pour celle de Jack Ma. Les activités boursières étant marquées par des fluctuations, Ant Group pourrait aussi bien être revalorisé… ou dévalorisé. « L’évaluation des actions des sociétés non cotées en bourse est soumise à une grande part de jugement », note Murray Grenville, le PDG de la holding Sterling Valuation Group qui estime que « si les poteaux de but ont changé… il faut en tenir compte dans l’évaluation ».

Un nouveau projet d’introduction en bourse irait dans le sens d’une revalorisation, mais compte tenu du contexte auquel fait face Ant Group en Chine cela arriverait probablement d’ici plusieurs années. Néanmoins, cela n’effraie pas tous les investisseurs : « Ils sont conscients du risque d’investissement dans Ant, mais les investisseurs visant sur le long terme se concentrent sur les perspectives de l’entreprise sur les années à venir », explique un porte-parole Fidelity Investments.

Du côté de l’entreprise de gestion d’actifs, cette baisse de la valorisation d’Ant Group ne devrait pas avoir d’impact majeur. Les investissements de Fidelity dans des entreprises en pré-IPO ne représentent qu’une infime partie des fonds de l’entreprise de gestion d’actifs. Il y a 3 ans, Fidelity avait investi 238 millions. Un pourboire pour l’entreprise qui en 2018 possédait 2 600 milliards d’actifs sous gestion selon Les Echos.