Le procès intenté par Epic Games à Apple pour pratique anticoncurrentielle sur l’App Store a débuté ce lundi 3 mai. Pour la première audience, les avocats des deux parties ont présenté leurs déclarations préliminaires au tribunal fédéral d’Oakland, en Californie. Le premier témoin, le fondateur et PDG d’Epic Games, Tim Sweeney a été entendu.

La liberté pour Epic Games, la sécurité pour Apple

Lors de cette première journée, les positions tenues par les deux camps n’ont pas surpris. Pour Epic Games, Apple a des pratiques anticoncurrentielles sur l’App Store en empêchant les développeurs d’avoir leur propre système de paiement in-app. Pour Apple, la procédure a pour objectif l’autorisation de magasins d’applications tiers comme l’Epic Games Store sur iPhone.

En clair Epic veut être libre de vendre des biens et services numériques via son application, sans régler de commission. Apple cherche à démontrer qu’Epic vise à déstabiliser iOS pouvant entraîner des problèmes de sécurité. Pour la journaliste Adi Robertson, qui suit le procès pour le média The Verge, les deux partis tentent d’incarner de grands idéaux, la liberté pour Epic, la sécurité pour Apple. La journaliste ironise sur le fait que chacun a « semblé choquées – choquées – (sic) que leur adversaire essaie de faire de l’argent ».

Epic contre le « jardin clos » de l’App Store

Les avocats de l’éditeur de jeux vidéo dénoncent une situation dans laquelle « les développeurs se sont retrouvés pris au piège ». En exhumant des documents internes de la marque à la pomme, parfois vieux d’une dizaine d’années, ils ont souhaité démontrer que « le plan d’Apple était de verrouiller les utilisateurs et de les empêcher de quitter l’écosystème ».

Au contraire, les avocats de Cupertino ont affirmé que l’entreprise avait « invité les développeurs sans sacrifier la confidentialité et la responsabilité, la sécurité et la qualité que les consommateurs souhaitaient ».

Les consoles, concurrentes de l’App Store ou pas ?

Ils ont rejeté la vision étroite d’un marché concurrentiel d’Epic, qui exclurait les autres plateformes que l’iPhone comme les PC ou les consoles de jeux. Ils ont noté que Sony faisait payer à l’éditeur une commission sur les achats internes à Fortnite via PC si le consommateur concerné profitait du jeu sur PlayStation sans que cela ne gêne Epic.

Pour Tim Sweeney la comparaison n’a pas lieu d’être, les deux écosystèmes étant différents. Les consoles sont vendues à perte par les entreprises qui les développent ce qui les inciterait à traiter plus justement les développeurs. Un argument qui a rendu dubitative la juge Yvonne Gonzalez Rogers qui est intervenue pour demander, « En quoi cela est-il différent des consoles – pas tant en ce qui concerne la partie paiement, mais le développement de la technologie qui permet à votre produit d’être joué ? ».

Tim Sweeney sous le feu des questions

Après avoir présenté le jeu, l’expérience Fortnite, son moteur, son fonctionnement, discuté des consoles et de l’App Store, Tim Sweeney a subi un contre-interrogatoire par les avocats d’Apple. Ces derniers ont tenté de le déstabiliser en le questionnant sur la présence de jeu Epic sur l’App Store depuis une décennie. Avec un ton calme, le fondateur d’Epic a répliqué que la situation s’était dégradée d’année en année.

La procédure contre Apple : un paravent face aux baisses de revenus d’Epic ?

Les avocats d’Apple ont accusé Tim Sweeney d’avoir mis en place le « Project Liberty », le plan juridique et de communication contre Apple par simple appât du gain. Ils estiment que la procédure serait liée à la popularité en baisse de Fortnite.

Un document déposé auprès du tribunal détaille les revenus d’Epic Games avec le succès de Fortnite : 9 milliards de dollars générés entre 2018 et 2019 pour « seulement » 3,6 milliards de dollars en 2020. Tim Sweeney a démenti, avançant plutôt le chiffre de 5,1 milliards de dollars en 2020.

Le contre-interrogatoire de Tim Sweeney par les avocats d’Apple n’est toujours pas terminé et doit se poursuivre ce mardi 4 mai. Dans les prochaines semaines, le PDG d’Apple, Tim Cook, doit témoigner à son tour, ainsi que des cadres et anciens cadres d’Apple ou d’autres entreprises technologiques.