Lourdement frappé par les sanctions américaines pesant à son encontre, Huawei a décidé de changer de cap : le géant chinois va désormais se concentrer sur le software au détriment du hardware.

Depuis 2019, les États-Unis et la Chine s’affrontent dans une guerre commerciale sans merci, poussant Donald Trump à imposer d’importantes sanctions contre Huawei, considérée comme une menace pour la sécurité nationale du pays. Ces mesures se font grandement ressentir sur les performances de Huawei : ses ventes de smartphones ont chuté dans le monde, tandis que de nombreux pays alliés des États-Unis l’ont mise de côté pour l’installation de leurs équipements 5G.

La firme a bien compris qu’elle devait revoir ses plans pour l’avenir et n’a pas tardé à le faire savoir. Elle a ainsi annoncé investir plus d’1 milliard de dollars dans la conduite autonome en développant son propre système qui viendra équiper des véhicules. La semaine passée, une filiale du constructeur automobile BAIC Group baptisée Arcfox a ainsi présenté une voiture dotée de la technologie de Huawei. Le véhicule tourne sous HarmonyOS, le système d’exploitation made in Huawei, et dispose de fonctionnalités de conduite autonome.

En plus de l’automobile, Huawei mise également gros sur le cloud computing et l’intelligence artificielle. Son PDG, Ren Zhengfei, avait d’ailleurs déclaré à ses employés qu’ils devraient se concentrer sur ces secteurs en pleine croissance en 2021. Dans une déclaration à la presse ce dimanche 25 avril, Huawei explique que ces domaines devraient l’aider à pallier les pertes issues de ses divisions hardware. Ainsi, la firme vient de lancer de nouveaux outils cloud avec un objectif en ligne de mire : se rapprocher, voire venir concurrencer de très près, le numéro 1 du cloud en Chine, Alibaba.

Interrogé par CNBC, Neil Shah, directeur de recherche chez Counterpoint Research, assure qu’en empruntant ce chemin, « Huawei devient de plus en plus comme Google ». En effet, à l’instar d’Android, HarmonyOS est pensé pour opérer sur différentes sortes d’appareils, allant de la télévision, aux smartphones et aux voitures. Par ailleurs, cette restructuration est une manière pour le géant chinois de contrecarrer les plans des États-Unis et d’éventuelles sanctions de Joe Biden.

Le projet de Huawei ne s’annonce toutefois pas facile, d’autant plus que la firme arrive sur un terrain déjà bien occupé avec la conduite autonome. Alors que Baidu possède d’ores et déjà son propre système, et prévoit en outre de lancer son véhicule électrique, Xiaomi, grande rivale de Huawei, a récemment annoncé un investissement majeur dans le secteur automobile.