Selon Politico, Bruxelles aimerait exclure le Royaume-Uni, la Suisse et Israël de ses projets sur des technologies quantiques. Plusieurs pays membres de l’Union européenne sont vraisemblablement préoccupés par la politique menée par la Commission européenne. C’est par exemple le cas de l’Autriche et du Danemark, qui entendent défendre l’importance d’une collaboration avec des partenaires extérieurs.

La Commission européenne trop protectionniste ?

Des diplomates européens ont déclaré en mars 2021 que Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, faisait pression auprès des membres de l’Union européenne pour tenter d’exclure les pays tiers des projets sur l’informatique quantique. La Suisse, le Royaume-Uni et Israël sont notamment concernés. Une stratégie protectionniste qui inquiète l’Autriche et le Danemark. Les deux pays ont envoyé un courrier à Mariya Gabriel, la commissaire européenne en charge de l’innovation, la recherche, la culture, l’éducation et la jeunesse.

S’ils reconnaissent évidemment la nécessité de défendre les intérêts stratégiques européens, ils soulignent en revanche l’importance d’une collaboration avec des partenaires extérieurs. Pour eux, les pays non européens ne doivent être exclus qu’au cas par cas et sur la base de justifications solides. Pas uniquement parce que Thierry Breton l’aurait décidé. Une réunion prévue par la Commission européenne le 19 avril 2021, dans le cadre d’Horizon Europe, un programme de recherche et d’innovation 2021-2027, a été reportée jusqu’à nouvel ordre.

Dans la lettre du gouvernement danois à la Commission européenne, on peut notamment lire ceci : « dans de nombreux cas, l’inclusion de partenaires de confiance est tout à fait dans notre intérêt, car ces partenaires sont à l’avant-garde dans des domaines innovants. Leur participation est essentielle pour la recherche de pointe. Une exclusion de pays extérieurs si forts, serait préjudiciable pour l’Union et pour la valeur du projet Horizon Europe à long terme ».

Des querelles qui creusent l’écart entre l’Union et le reste du monde

Les 27 pays membres de l’Union sont dans une impasse alors que les États-Unis et la Chine sont déjà loin devant en matière d’informatique quantique. Notre retard est considérable. Trump avait décidé d’augmenter de 30% le budget pour l’informatique quantique pour l’année 2021, juste avant son départ. Malgré leur légère avance, les États-Unis se font rattraper par la Chine selon l’ancien PDG de Google. Pour Eric Schmidt : « les États-Unis n’ont qu’un ou deux ans d’avance sur la Chine, et non cinq ou dix en matière d’intelligence artificielle et d’informatique quantique ».

Imaginez le retard de l’Europe… Même si des scientifiques européens ont démontré à leur tour « l’avantage quantique », l’Union est très loin derrière des entreprises comme Google, Microsoft, IBM ou Baidu. Selon un diplomate européen, l’Allemagne pourrait aussi s’opposer à la décision de la Commission européenne à propos de l’exclusion de la Suisse, du Royaume-Uni et d’Israël. Les représentants des pays opposés au plan de la Commission doivent se réunir mardi 27 avril 2021 pour discuter de leur stratégie.