D’après Reuters, qui a pu s’entretenir avec différentes personnes proches du dossier, Ant Group recherche un moyen d’écarter Jack Ma de ses activités liées à l’entreprise. En plus d’apaiser les tensions avec les autorités chinoises, cela pourrait également permettre à la firme de finalement effectuer son introduction en bourse.

En effet, l’agence de presse rapporte que plusieurs réunions organisées séparément entre Jack Ma, Ant Group, et plusieurs agences gouvernementales chinoises, notamment la banque centrale, se sont produites entre les mois de novembre et mars. L’objectif : calmer la méfiance de Pékin à l’encontre du géant technologique, qui est dans le collimateur des autorités depuis que son fondateur, Jack Ma, a ouvertement critiqué les régulateurs du pays au mois de novembre 2020.

Après avoir suspendu l’introduction en bourse du groupe, qui s’annonçait pourtant historique, le gouvernement a décidé d’agir contre les Big Tech en instaurant de nouvelles réglementations antitrust et, particulièrement, en ciblant les deux entreprises de Jack Ma. Tandis qu’Alibaba vient d’écoper d’une amende record pour comportement anticoncurrentiel, Ant Group a annoncé sa restructuration en holding financière, la forçant à se plier aux règles qui régulent le secteur bancaire chinois. Pendant ce temps, Jack Ma a littéralement disparu de la scène médiatique, mis à part une brève réapparition dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux.

Sans alternative, les géants technologiques se sont engagés à respecter la nouvelle réglementation, Pékin utilisant l’exemple de la sanction d’Alibaba comme menace. Malgré sa restructuration, il semblerait que le gouvernement n’en ait pas fini avec Ant Group. « Le fait que Jack Ma se retire pourrait contribuer à la remontée du cours de l’action de la société en éliminant l’incertitude et en dissipant l’impression que le gouvernement chinois a un problème avec la société, mais plutôt avec l’individu », a ainsi déclaré Devan Kaloo, responsable mondial des actions chez Aberdeen Standard Investments.

Actuellement, Jack Ma possède une participation de 10% dans Ant Group, mais également de 34% dans Yunbo. Ce véhicule d’investissement contrôle deux autres entités qui détiennent une participation combinée de 50,5% dans Ant, lui conférant le droit de décider de toutes les questions relatives à la firme et d’exercer le pouvoir de vote combiné des trois entités. Toujours selon Reuters, Ant Group aurait ainsi souhaité que Jack Ma cède sa participation aux investisseurs existants d’Ant Group, ou d’Alibaba, sans impliquer d’entité externe.

De leur côté, les autorités auraient interdit à l’homme d’affaires de vendre sa participation à une personne ou une entité proche de lui. Il pourrait, par ailleurs, la céder à un investisseur affilié à l’État chinois. Quoi qu’il advienne, la manœuvre devra être approuvée par Pékin. Si Ant Group a nié la véracité de ces informations, Reuters affirme que le retrait de Jack Ma lui permettrait de finalement réaliser son introduction en bourse.

L’actualité du milliardaire est décidément compliquée ; il est passé de héros national à persona non grata en l’espace de seulement quelques mois.