D’ici 6 à 9 mois Intel commencera à produire des puces destinées à l’industrie automobile. C’est ce qu’a annoncé le nouveau CEO du groupe, Pat Gelsinger, entré en fonction courant janvier, dans un entretien accordé à Reuters. L’annonce n’a rien d’une broutille : elle pourrait marquer un tournant stratégique pour Intel mais aussi retirer une belle épine du pied à certains constructeurs comme Ford et General Motors, touchés de plein fouet par la pénurie de puces en cours à l’échelle mondiale.
Pour comprendre pourquoi la décision d’Intel pourrait donner une bouffée d’air à certains grands constructeurs automobile, il faut bien garder en tête qu’à l’heure actuelle seuls quatre grands fondeurs se partagent le marché global de la fabrication de semi-conducteurs : TSMC, Samsung Foundry, Global Foundries, et Intel. TSMC est le leader mondial mais il est débordé par la demande, Samsung est numéro deux mais sa production est elle aussi en flux tendu, et Global Foundry se contente de procédés de gravures anciens et / ou peu avancées qui ne correspondent pas forcément aux attentes des géants de l’automobile. Reste Intel, qui réservait depuis des années l’intégralité de sa capacité de production à ses propres processeurs.
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L’arrivée aux commandes de Pat Gelsinger a toutefois changé la donne, l’intéressé ayant très récemment annoncé l’ouverture des fonderies d’Intel aux commandes d’entreprises tierces. C’est dans ce contexte d’ouverture que l’annonce d’Intel pour le monde automobile prend tout son sens : elle devrait permettre la fabrication de puces sur des lignes de production moins chargées que celles de la concurrence.
D’ici début 2022 au plus tard, Intel produira des puces pour le secteur automobile
« Nous espérons que certains de ces problèmes pourront être résolus, sans qu’il soit nécessaire de construire une usine en trois ou quatre ans. Nous sommes peut-être à six mois de certifier de nouveaux produits sur la base de certains de nos processus existants », a indiqué Pat Gelsinger évoquant les pénuries de puces en cours, avant de préciser avoir « déjà commencé à prendre des engagements avec certains des principaux fournisseurs de composants ». Intel ne dévoile toutefois pas encore quels constructeurs automobiles seront parmi ses premiers clients.
Comme le précise The Verge, ce nouveau projet d’Intel laisse entrevoir à quel point sa stratégie d’ouverture est importante dans son processus de diversification. La firme n’a plus le statut de leader incontesté sur le terrain du processeur (AMD et Apple se sont chargés de rappeler Intel à l’ordre avec leurs puces Ryzen 5000 et Apple M1, respectivement), c’est donc tout naturellement qu’elle met les bouchées double pour ne plus concentrer le gros de ses revenus sur la conception et la fabrication de processeurs pour PC.
Nous l’avons dit, cela passera par ce que Pat Gelsinger a choisi d’appeler l’Intel Foundry Serives : une « unité autonome de fonderie », expliquait-il récemment, qui pourra fabriquer sur les lignes d’Intel des puces x86, ARM et RISC-V pour des clients externes. Pour le permettre, Intel a annoncé qu’il investirait un total de 20 milliards de dollars afin d’accroitre le capacité de production de ses usines en Arizona. Pour les puces réservées à l’industrie automobile, Engadget note qu’Intel pourra s’appuyer dans l’immédiat sur ses sites existants dans l’Oregon, en Arizona, au Nouveau-Mexique, en Israel et en Irlande.