Dans un billet de blog publié le 9 avril, Karan Bhatia, vice-président des affaires gouvernementales et de la politique publique chez Google, enjoint l’administration Biden à intégrer un Conseil du commerce et de la technologie aux côtés de l’Union européenne.

En effet, Google déplore le manque de coopération grandissant entre les deux gouvernements sur les questions technologiques. Selon la firme de Mountain View, les décisions unilatérales prises des deux côtés de l’Atlantique ont un impact très néfaste sur l’Internet que nous connaissons aujourd’hui, et commencent à le modifier en profondeur. Karan Bhatia écrit :

« Mais si une réglementation bien conçue peut contribuer à libérer les avantages de la technologie, une explosion des politiques nationales décourage le commerce des technologies. Ces barrières ne comprennent pas seulement les droits de douane (qui ont également touché d’autres secteurs), mais aussi les contrôles commerciaux, les taxes discriminatoires, les restrictions à l’investissement et les nouvelles réglementations numériques visant directement les entreprises ayant leur siège à l’étranger. En bref, nous assistons à l’érosion d’un système commercial mondial soigneusement entretenu qui a contribué au progrès et à la prospérité des États-Unis et du monde entier ».

Il assure également que la relation commerciale technologique entre les États-Unis et l’Union européenne « s’effiloche ». Depuis quelques années déjà, la politique sur le Vieux Continent à l’encontre des Big Tech, américaines notamment, est bien plus sévère qu’outre-Atlantique. En plus de l’instauration récente des Digital Markets Act et Digital Services Act, l’UE a sévi à maintes reprises contre Google et lui a infligé plusieurs amendes. Aux États-Unis, le géant technologique est également pris pour cible depuis l’année dernière, avec trois plaintes antitrust déposées à son encontre à la fin 2020.

Le drapeau de l'Union européenne flotte devant un bâtiment.

Ces dernières années, l’Union européenne a durci le ton à l’encontre des géants de la tech. Image : Markus Spiske / Unsplash

Par ailleurs, Joe Biden a indirectement montré la direction qu’il souhaitait prendre pour la régulation des GAFA en nommant Luna Khan, connue pour ses positions très strictes à l’encontre des géants technologiques, à la tête de la Federal Trade Commission (FTC). Pour Google, la création d’un conseil du commerce et de la technologie, demandé par la Commission européenne, permettrait par exemple de « prévenir les divergences dans des domaines émergents tels que l’intelligence artificielle et d’autres technologies avancées et promouvoir la coopération sur les défis technologiques des pays tiers ».

En outre, Karan Bhatia estime que les décisions des deux parties devraient être prises de manière bilatérale et après consultation : « La nécessité d’un alignement n’a jamais été aussi grande et urgente. Une approche harmonisée favorisera une croissance économique plus axée sur la technologie, des mesures soutenues par la technologie pour relever d’autres défis communs tels que le changement climatique, et de nouvelles normes pour garantir que la technologie – pour reprendre les termes du secrétaire d’État américain Antony Blinken – « protège votre vie privée, rend le monde plus sûr et plus sain, et rend les démocraties plus résilientes ».

Il est toutefois important de noter que s’il voit le jour, ce nouveau conseil pourrait être profitable à Google ; logiquement, les États-Unis batailleraient pour un assouplissement des mesures à l’encontre de cette dernière en Europe.