Dans un contexte d’efforts véhément pour contrôler son écosystème fintech, la Chine a annoncé quelques nouvelles règles qui devront s’appliquer aux dirigeants et présidents des entreprises technologiques sur son territoire. Cela pourrait concerner Ant Group, le géant créé par Jack Ma, déjà sous les projecteurs depuis des mois.
Les régulateurs du pays avaient en effet suspendu l’introduction en bourse d’Ant Group, pourtant de 34,5 milliards de dollars, le 3 novembre, craignant que la société ne pose un risque systémique pour le système financier. Des modifications structurelles lui avaient ensuite été imposées, telles que l’obligation de replier ses activités financières sous une holding, donnant l’accès plus facilement au gouvernement afin de contrôler ses affaires, et soumettant le groupe à des règles plus strictes de gestion des risques. Mais l’entreprise ayant fait tant parler ne serait en aucun cas la seule concernée : Tencent, dirigé par Pony Ma, devra également se conformer aux nouvelles règles de la Banque Centrale. L’entreprise est elle aussi sous le contrôle rigide des organes de régulation chinois.
Initialement proposée en septembre par la Banque populaire de Chine (BPC), la nouvelle réglementation vise à soumettre les grands groupes à des règles similaires à celles régissant les banques. On devine ici l’intention cachée de la Chine de réguler la fintech, afin de préparer le terrain de sa nouvelle monnaie numérique, le yuan digital (DCEP). Alipay, service affilié à Ant Group, est largement utilisé par la population, drainant les capitaux qui passent par ses canaux, empêchant l’administration chinoise de poursuivre ses objectifs de surveillance financière.
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Parmi les nouvelles règles, quelques critères s’appliqueront directement aux dirigeants. Ceux-ci devront avoir au moins huit ans d’expérience dans le secteur financier, et ne pourront pas rester indéfiniment à la tête d’un empire. Elles devraient s’appliquer à compter du 1er mai, et sont conçues “pour normaliser les opérations des holdings financières et prévenir les risques opérationnels”, a déclaré la BPC. Ce qui se dessine, c’est la volonté du pays de reprendre la main sur un écosystème des paiements dominé par les entreprises privées, trop puissantes et influentes aux yeux de l’État, dont les espoirs que la DCEP puisse signer la fin de la domination actuelle du dollar américain dans les échanges internationaux et perturber le marché mondial des paiements, ne sont plus à cacher.