Créée en 2015 et forte de ses 10 millions d’utilisateurs à travers un peu plus d’une vingtaine de pays, l’application Glovo lève aujourd’hui 450 millions d’euros pour concurrencer Deliveroo et Uber Eats sur la livraison de repas à domicile. Cet argent frais devrait lui permettre d’accélérer son déploiement et renforcer son offre de Q-commerce, des entrepôts mis à la disposition des grandes marques pour livrer en moins de 30 minutes.

Après Deliveroo qui a levé près de 2 milliards de dollars lors de son entrée en Bourse, c’est au tour de Glovo de faire parler d’elle. La société spécialisée dans la livraison de repas à domicile vient de réaliser le plus important tour de table de l’histoire pour une start-up espagnole avec 528 millions de dollars levés (450 millions d’euros). La société désormais valorisée autour de 2 milliards d’euros souhaite profiter de cette rentrée d’argent pour renforcer sa présence au sein des 26 pays dans lesquels elle opère et accélérer son offre de Q-commerce (pour « Quick Commerce »). Un service qui repose sur la mise à disposition auprès des marques et détaillants d’entrepôts appelés « dark stores », leur évitant de déployer un coûteux maillage du territoire. Idéalement placés en milieu urbain, ces dark stores promettent une livraison très rapide, souvent en dessous de 30 minutes.

L’espagnol entend ainsi investir massivement dans ces dark stores pour en avoir 200 d’ici la fin de l’année et en ouvrir dans de nouvelles villes comme Bucarest, Porto, Rome ou Valence et normaliser la livraison de produits B2C de façon rapide. Repas chauds mais aussi parapharmacie, biens électroniques, fleurs…, la start-up s’est fortement diversifiée, poussant ainsi l’entreprise à nouer un partenariat en janvier avec la société immobilière suisse Stoneweg. Cet accord à 100 millions d’euros prévoit la construction et la rénovation de bâtiments voués à se transformer en dark stores afin d’aider Glovo à améliorer ses réseaux de distribution et accélérer ses délais de livraison au sein des marchés dans lesquels elle opère. L’entreprise utilisera le reste de cet argent pour améliorer son application en recrutant 200 développeurs.

Cette levée de fonds intervient dans une période où tout le secteur est en pleine ébullition en Europe. C’est en effet un des rares secteurs à avoir connu une explosion de son chiffre d’affaires grâce à la pandémie, permettant à des millions de consommateurs de pouvoir profiter de livraisons en période de confinement. La semaine dernière, Gorillas à Berlin a levé 290 millions de dollars portant sa valorisation à plus d’un milliard de dollars pour son activité d’épicerie à la demande ; Everli en Italie (anciennement appelé Supermercato24) a levé 100 millions de dollars ou encore le turc Getir a levé 300 millions de dollars pour une valorisation de 2,6 milliards de dollars.

Néanmoins, tout comme Deliveroo qui fait l’objet de nombreuses plaintes, Glovo repose également sur un modèle économique fragile profitant de la précarité des livreurs pour réaliser des bénéfices. Un business model remis en question par les politiques de différents pays européens souhaitant revaloriser les contrats des livreurs afin de leur garantir une meilleure protection alors que ces derniers sont obligés de multiplier les courses et de prendre des risques pour bénéficier d’un salaire décent.