Sous le feu des critiques pour ses mauvaises conditions de travail en entrepôt, Amazon lançait en 2019 un programme d’ « ambassadeurs » sur Twitter visant à défendre sa réputation. Ces ambassadeurs, un temps disparus, refont aujourd’hui surface afin de contester l’organisation d’élections syndicales au sein d’un entrepôt en Alabama.

Une vague de « faux » comptes Twitter est récemment apparue pour défendre Amazon et repousser les critiques sur les conditions de travail de l’entreprise, alors que se joue en ce moment même, la création du tout premier syndicat de l’entreprise au sein d’un de ses entrepôts, basé dans l’Alabama (États-Unis). Ces ambassadeurs, choisis au sein des équipes d’Amazon pour leur sens de l’humour et leurs capacités à affronter les critiques, ont pour objectif de défendre Amazon et son fondateur Jeff Bezos sur les réseaux sociaux. En théorie, la campagne de syndicalisation en cours ne concerne que les 5 800 employés de ce site. Mais parce qu’ils pourraient être les premiers employés d’Amazon à se syndiquer, la campagne a attiré l’attention de tout le pays. Dimanche, Joe Biden, le président des Etats-Unis, a publié une vidéo faisant référence aux « travailleurs de l’Alabama » et a affirmé que « les syndicats donnent du pouvoir aux travailleurs. Ils mettent tout le monde sur un pied d’égalité. Ils vous donnent une voix plus forte pour votre santé, votre sécurité, des salaires plus élevés, des protections contre la discrimination raciale et le harcèlement sexuel. »

Cette vidéo intervient dans un contexte délétère où l’entreprise a mis en place une véritable campagne visant à déstabiliser ses employés. « Il ne devrait y avoir aucune intimidation, aucune coercition, aucune menace, aucune propagande anti-syndicale » affirme Joe Biden visant clairement Amazon. L’entreprise a en effet entrepris des mesures agressives pour dissuader les travailleurs de l’Alabama de se syndiquer : envoi de SMS, affichages antisyndicaux, mise en place d’un site web (DoItWithoutDues.com), ou même modification de la vitesse d’un feu tricolore à la sortie de l’entrepôt pour limiter les échanges entre chauffeurs et militants syndicaux.

Mais le phénomène ayant pris de l’ampleur, Amazon cherche maintenant à se défendre via ses “ambassadeurs maison”. De faux comptes commençant par « AmazonFC« , répondent ainsi aux critiques formulées à l’encontre d’Amazon, rejetant les inquiétudes et les rapports concernant les conditions de travail robotisées et les taux d’accidents élevés. La société allant même jusqu’à utiliser des photos de personnes générés par l’intelligence artificielle pour illustrer ses comptes ou des photos de profil glanées sur le web. Un de ces fameux faux compte, aujourd’hui suspendu, a par exemple tweeté : « Les syndicats sont bons pour certaines entreprises, mais je ne veux pas avoir à débourser des centaines de dollars par mois juste pour des avocats ! ».

Même l’état-major du groupe s’y est mis. Dave Clark, le directeur des opérations du géant, a ouvertement critiqué l’ancien candidat à la présidentielle Bernie Sanders qui s’était rendu à l’entrepôt en Alabama pour défendre les employés. “Si vous voulez entendre parler d’un salaire horaire de 15 dollars et d’une couverture santé, le sénateur Sanders s’exprimera au centre-ville. Mais si vous voulez vraiment gagner 15 dollars de l’heure et bénéficier d’une bonne couverture santé, Amazon embauche” lançait ainsi Dave Clark.

Le message de Dave Clark a ensuite été commenté par le compte officiel d’Amazon répondant aux allégations de Mark Pocan, un élu démocrate à la Chambre des représentants des États-Unis, suite aux nombreux échos évoquant le sort de plusieurs employés obligés d’uriner dans des bouteilles afin de répondre aux objectifs de rentabilité du groupe. “Vous ne croyez quand même pas à ces histoires de bouteilles d’urine? Si c’était vrai, personne ne travaillerait pour nous” répondait ainsi le compte AmazonNews.

Ce n’est pas la première fois que Twitter utilise des ambassadeurs. Ces derniers avaient déjà été mis en place il y a deux ans pour défendre le groupe face aux critiques faites sur les conditions de travail de ces salariés. En attendant d’y voir plus clair, Twitter a supprimé certains comptes comme l’y autorise ses conditions générales. Néanmoins la stratégie d’Amazon semble douteuse et risque de plus la desservir qu’autre chose à la vue des nombreuses critiques qui lui sont faites sur le réseau social.