Décidément, la nouvelle politique de confidentialité de WhatsApp a bien du mal à passer, et surtout en Inde où la Competition Commission of India (CCI) vient d’ouvrir une enquête pour déterminer si les changements annoncés enfreignent ou non les lois antitrust locales, rapportent nos confrères de TechCrunch.

Une nouvelle politique de confidentialité controversée

En début d’année, WhatsApp annonçait la mise en place imminente d’une nouvelle politique de confidentialité. Celle-ci devait notamment permettre au service de messagerie de partager certaines données de ses utilisateurs avec Facebook, sa maison-mère. Sans grande surprise, cette annonce a laissé place à de vives critiques de la part des usagers, visiblement encore marqués par les nombreux scandales du groupe de Mark Zuckerberg en matière de protection des données privées.

En réaction à ces protestations, WhatsApp a décidé de retarder le déploiement de sa nouvelle politique de confidentialité au 15 mai 2021, expliquant notamment profiter de ce nouveau délai pour faire preuve de pédagogie et rassurer ses utilisateurs.

Mais au-delà des usagers, WhatsApp doit également rassurer l’Inde. Rapidement après l’annonce de ces changements de politique, le ministère indien de l’information a écrit à Will Cathcart, responsable du service de messagerie, pour lui faire part de ses préoccupations. Des préoccupations tellement importantes, qu’une demande pour annuler les changements annoncés avait même été formulée.

Depuis, WhatsApp était en contact avec le gouvernement indien afin d’apaiser ses inquiétudes. Une tentative qui a manifestement échoué, puisque la CCI a désormais lancé une enquête officielle pour déterminer dans quelle mesure cette nouvelle politique de confidentialité pouvait représenter une menace.

L’Inde monte au créneau

Ouverte le 24 mars 2021, cette enquête aura 60 jours pour aboutir. Elle s’intéressera notamment au fait que les usagers sont obligés d’accepter la nouvelle politique de WhatsApp, s’ils veulent continuer à utiliser le service. Pour la CCI, cette obligation « mérite une enquête détaillée compte tenu de la position et du pouvoir de marché dont jouit WhatsApp ».

Dans son ordonnance, la CCI détaille ses soupçons en expliquant que les « utilisateurs qui ne souhaitent pas continuer à utiliser WhatsApp risquent de perdre leurs données historiques, car le transfert de ces données vers d’autres applications concurrentes est non seulement un processus long et fastidieux, mais (…) aussi difficile ».

Plus clairement, l’Inde se demande si les utilisateurs indiens ont vraiment le choix, ou s’ils ne sont pas plutôt pris en otage : soit ils acceptent la nouvelle politique de WhatsApp, soit ils perdent leurs conversations. Pire encore, la CCI estime qu’il n’existe pas de concurrent assez sérieux à WhatsApp en Inde, pour que les usagers puissent être libres de consentir pleinement à cette nouvelle politique de confidentialité.

En réponse à l’annonce de cette enquête, un porte-parole de Facebook s’est exprimé au travers d’un communiqué : « Nous sommes impatients d’échanger avec la CCI. WhatsApp reste déterminé à protéger les communications personnelles de ses utilisateurs avec un cryptage de bout en bout et à fournir une transparence sur le fonctionnement de ces nouvelles fonctionnalités commerciales facultatives ».

Il faut dire que WhatsApp a tout intérêt à se montrer collaboratif. Avec plus de 450 millions d’utilisateurs actifs mensuels, l’Inde est un marché stratégique pour le service de messagerie. Les tensions avec le gouvernement indien étant déjà palpables, il est désormais primordial pour le groupe Facebook de réussir à calmer les esprits, s’il ne souhaite pas perdre ce marché clé.