Depuis quelques mois, la Chine a nettement poussé l’accélérateur, en organisant des loteries de yuan numérique. C’est au tour des États-Unis, son grand rival économique et diplomatique, d’annoncer ses progrès. D’après Bloomberg, le partenariat entre la Réserve Fédérale de Boston et le MIT ayant débuté en août dernier pourrait donner ses fruits, et pas plus tard qu’en juillet 2021.
Tout comme de nombreux gouvernements ces dernières années, les États-Unis ont joint leurs banquiers aux technologues et aux entrepreneurs pour explorer cette nouvelle frontière : la monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Dans le cas des États-Unis, on appelle la MNBC le Fedcoin, ou le dollar digital. Les avantages potentiels et les choix de conception des monnaies numériques de la banque centrale sont débattus, mais cela pourrait constituer une nouvelle forme de monnaie publique tel que l’est le cash, entièrement numérique, plus rapide, et plus sécurisé. “La MNBC ne peut réussir à lutter contre l’exclusion financière et à créer le type de flexibilité systémique nécessaire pour faire face au climat économique de ce siècle en évolution rapide sans inclure une compréhension des besoins et des comportements des utilisateurs dès le début de la conception” peut-on lire sur le site du MIT, à propos du projet.
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En ces temps d’urgence sanitaire, l’usage du cash a légèrement décliné, et les MNBC pourraient apporter une réponse cohérente, si l’on pose clairement la question de leurs risques. Inadaptés aux personnes vulnérables, doute sur la confidentialité, augmentant la fracture numérique, sujettes aux cyber-attaques ou incidents techniques : ces risques sont nombreux à devoir être pris en compte par les décideurs et les designers de la monnaie.
C’est ce qu’essaie de faire la MIT grâce à sa Digital Currency Initiative depuis 2016, si bien qu’une collaboration a été mise en place avec la Réserve Fédérale américaine en août. Près d’un an après devrait être dévoilé le premier fruit de cet énorme travail. Les premières versions d’une plateforme pour gérer comptes et transactions pourraient voir le jour, selon Jim Cunha, le responsable du projet à la réserve fédérale de Boston. Il n’a toutefois pas indiqué si le dollar numérique s’appuierait sur la blockchain, utilisée par les autres cryptomonnaies.
“Dans les années à venir, la Digital Currency Initiative travaillera avec une gamme complète de parties prenantes pertinentes, y compris les banques centrales, les grandes entreprises, les commerçants, les régulateurs, les chercheurs universitaires et les technologues pour sécuriser le réseau, autonomiser les utilisateurs et garantir la confiance dans la future économie numérique” annonce le MIT, à la plus grande peur de Wall Street, qui surveille nerveusement les efforts déployés pour créer une alternative numérique à l’argent liquide. Voyant la menace qui pèse sur leurs bénéfices, le principal groupe des banques commerciales (s’occupant, eux, de monnaie scripturale) a déclaré au Congrès qu’un dollar numérique n’était pas nécessaire. Certaines sociétés de paiement comme Visa Inc. et Mastercard Inc, planifiant l’instauration des MNBC, tentent de travailler avec les banques centrales pour s’assurer que ces nouvelles devises pourront bien être utilisées sur leurs canaux.
Les législateurs et les responsables du département du Trésor américain et de la Fed n’ont pas encore approuvé le déploiement du dollar numérique américain, qui pourrait donc l’être dans des années. Ils n’ont pas non plus décidé comment le dollar numérique serait compatible avec le réseau de paiement mondial existant. Tout cela est encore bien flou, en somme. Mais les États-Unis semblent déterminés à numériser leurs devises, tout comme la Chine et l’Union Européenne, engagées activement dans la recherche et l’expérimentation d’une version digitale de leurs monnaies.