Après s’être attentivement occupé de la position dominante d’Alibaba et d’Ant Group, le gouvernement chinois scrute un autre de ses géants de la tech : Tencent. D’après trois sources anonymes rapportées par Reuters, en mars 2021, Pony Ma, le fondateur et PDG de Tencent – a ne pas confondre avec Jack Ma, le fondateur d’Alibaba – a rencontré l’Administration nationale de la régulation du marché chinois (SAMR). L’échange a concerné la conformité aux lois antitrusts de la maison-mère de WeChat. Un haut responsable de la SAMR a exprimé des inquiétudes quant aux pratiques commerciales de Tencent.

Alors que Pony Ma communique peu avec les médias et demeure absent de la vie publique depuis près d’un an, il a passé le mois de mars à Pékin. Au planning de l’homme d’affaires : une réunion parlementaire annuelle et une autre avec la SAMR. Cette deuxième rencontre intervient quelques jours après que Pony Ma ait appelé à une gouvernance plus stricte du numérique. L’homme d’affaires s’est hissé au rang de deuxième personnalité la plus riche de Chine et occupe le poste de délégué parlementaire de la province de Guangdong, où est installé le siège de Tencent. Son groupe représente la plus grosse capitalisation de la bourse de Hong Kong avec une valorisation à 776 milliards de dollars.

« En tant que l’un des deux grands de Chine, il est parfaitement normal que Tencent ait craint d’être ciblé »

Le 15 mars 2021, Tencent a écopé d’une amende de 77 000 dollars. La récente rencontre entre Pony Ma et des responsables de la commission antitrust chinoise affirme la volonté du gouvernement d’étendre la politique prise vis-à-vis d’Alibaba aux autres entreprises du numérique. Selon les sources de Reuters, Tencent n’a pas encore été officiellement averti d’une enquête de la SAMR, mais s’attend à bientôt l’être. Par ailleurs, la maison-mère de WeChat a demandé à rencontrer Gan Li, le directeur adjoint de la SAMR, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires. Ni Tencent ni la SAMR n’ont répondus aux demandes de commentaires de Reuters.

« En tant que l’un des deux grands de Chine, il est parfaitement normal que Tencent ait craint d’être ciblé », soutient à Reuters You Yunting, avocat au cabinet DeBund Law Offices basé à Shanghai. Le mardi 30 mars, Tencent doit revoir l’éventuelle fusion de deux sites de jeux vidéo afin de ne pas enfreindre les lois sur la concurrence. En outre, Tencent avait prévu d’acheter 10% du capital de Zhejiang Century Huatong Group, une entreprise de jeux dont elle détenait déjà 5% des parts. Finalement Tencent a acheté seulement 5% supplémentaires et est devenu le deuxième actionnaire de Zhejiang Century Huatong Group, évitant ainsi une potentielle affaire antitrust.

Que ce soit aux États-Unis ou en Chine la position dominante des géants du numérique occupe les autorités de régulation de la concurrence. Les craintes de Pékin portent sur la pérennité du marché et sur l’utilisation des données collectées par les entreprises de la tech. L’application de messagerie WeChat propose des services de paiements. Les données bancaires en disent longs sur les consommateurs et le Parti communiste chinois essaie de mettre la main dessus depuis quelques années. Selon les trois sources de Reuters, WeChat serait la prochaine application à faire l’objet d’une enquête approfondie.