Ce mardi 23 mars, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA a tenu une conférence de presse pour donner plus d’informations sur la mission d’Ingenuity qui, si tout se passe comme prévu, opérera très bientôt le tout premier vol motorisé sur une autre planète.

Ce petit hélicoptère est en effet l’un des éléments qui rend la mission Mars 2020 si attrayante et spéciale. Pesant un petit peu moins de 2 kilogrammes et équipé d’un panneau solaire, l’aéronef est parvenu à allumer ses batteries lorsqu’il se trouvait dans l’espace, et doit désormais voler dans l’atmosphère extrêmement ténue de la planète rouge. S’il y parvient, alors de nouvelles possibilités s’ouvriront pour les scientifiques : les appareils volants pourraient leur permettre de se rendre dans des lieux inatteignables depuis le sol et ainsi découvrir de nouvelles zones sur les astres qu’ils souhaitent explorer.

Les chercheurs du JPL, qui ont mis au point Ingenuity, ont ainsi annoncé avoir trouvé la zone de vol pour leur engin. Cette dernière devait remplir plusieurs critères : « Une zone où l’hélicoptère peut décoller en toute sécurité, et où il peut atterrir en toute sécurité après le vol », a expliqué Håvard Grip, le pilote (à distance) en chef de l’appareil. Par chance, ils se sont rendu compte qu’une telle zone se trouvait à proximité de Perseverance, dans lequel Ingenuity est encore niché.

Le rover, qui a d’ores et déjà abandonné le bouclier qui protégeait l’aéronef, parcourt actuellement la distance le séparant de cet endroit situé à seulement 60 mètres de son site d’atterrissage. Il va ensuite déposer l’hélicoptère au sol, tâche qui va prendre plusieurs jours tant elle est complexe. « Le jour le plus stressant, du moins pour moi, sera le dernier jour où nous séparerons enfin l’hélicoptère et déposerons Ingenuity au sol », a affirmé Håvard Grip. Lorsque cette étape sera accomplie, Perseverance partira à 100 mètres de là afin d’éviter toute collision avec l’aéronef, ainsi que pour observer sa démonstration. Le rover doit se déplacer rapidement, car Ingenuity n’a qu’une capacité de batterie suffisante pour alimenter un élément chauffant pendant la nuit.

Pendant que Perseverance rejoindra sa zone d’observation, des vérifications des capteurs et du matériel embarqué d’Ingenuity seront réalisées avant son premier envol, qui devrait donc avoir lieu aux alentours du 8 avril, la météo sur Mars étant bien entendu à prendre en compte. Lors de cette première démonstration, la plus importante, l’hélicoptère volera de manière entièrement autonome jusqu’à 3 mètres de hauteur, restera sur place pendant environ 30 secondes, tournera, puis descendra pour atterrir. Si tout se passe comme prévu, quatre autres vols auront lieu sur une durée d’un mois.

Pendant le test, Ingenuity prendra 30 clichés du sol par seconde, tandis que sa caméra de 13 mégapixels immortalisera l’horizon. Cet usage pourrait d’ailleurs être pertinent pour les prochaines missions : un drone pourrait ainsi photographier le terrain afin d’établir les zones à éviter pour un engin au sol. Enfin, Perseverance capturera également le vol de l’hélicoptère. Même si sa mission échoue, le fait qu’un appareil aussi petit ait survécu à un voyage vers Mars est, en soi, déjà un exploit : « Vous devez survivre au lancement d’une fusée en portant une plume en fibre de carbone. Cela n’a jamais été fait auparavant », a expliqué Jeremy Morrey, ingénieur chez Lockheed Martin.

Pour la petite anecdote, sous le panneau solaire d’Ingenuity, se trouve un minuscule morceau de tissu de l’avion mythique des frères Wright, qui ont effectué le tout premier vol motorisé et contrôlé sur Terre en 1903.