Au Royaume-Uni, les 70 000 chauffeurs Uber seront considérés, dès ce mercredi 17 mars, comme des travailleurs et auront de ce fait accès à un salaire horaire minimum, à des congés payés ainsi qu’à des pensions. Si cela représente une avancée notable, il y a encore du chemin à parcourir, selon un syndicat britannique.

La décision du géant américain n’a probablement pas été prise de gaieté de cœur. Il rencontre en effet des démêlés avec la justice du pays depuis 2016 à ce sujet, et a fait appel à une réglementation affirmant que les chauffeurs de l’entreprise ne sont pas des entrepreneurs indépendants mais des travailleurs. Le mois dernier, la Cour suprême a rejeté cet appel, laissant Uber sans autre choix que d’accepter cette nouvelle mesure. Les chauffeurs de l’entreprise entrent désormais dans la catégorie des travailleurs, et non pas des employés (deux statuts distincts au Royaume-Uni).

Comme le note The Guardian, ils ont maintenant droit au salaire minimum après déduction des frais et des congés payés, ce qui représente 12,07% de leur rémunération versée tous les quinze jours. En outre, ils seront automatiquement inscrits à un plan de retraite d’entreprise, auquel Uber contribuera en plus de leurs propres cotisations, et continueront également d’avoir accès à une assurance gratuite et à des allocations parentales.

Un chauffeur Uber au volant de sa voiture.

Les chauffeurs britanniques ont maintenant droit aux congés payés. Image : Dan Gold / Unsplash

Cette décision intervient alors que de plus en plus de pays européens prennent des mesures pour réguler la « gig economy » : l’Italie a récemment obligé les services de livraison de repas à salarier 60 000 livreurs, tandis que l’Espagne considère désormais les livreurs comme des employés. « Uber n’est qu’un élément d’un secteur plus vaste de la location privée, et nous espérons que tous les autres opérateurs se joindront à nous pour améliorer la qualité du travail de ces travailleurs importants qui constituent une part essentielle de notre vie quotidienne » a déclaré Jamie Heywood, dirigeant d’Uber en Europe du nord et de l’est.

Cela marque en effet un grand pas pour la société, qui a connu plusieurs litiges avec la justice car elle refuse d’employer ses chauffeurs ou ses livreurs, ce fut notamment le cas en Californie pendant de longs mois. Malgré cette avancée outre-Manche, le syndicat App Drivers & Couriers Union reste prudent : « Si nous saluons la décision d’Uber de s’engager enfin à payer le salaire minimum, les congés payés et les pensions, nous observons qu’ils sont arrivés à la table avec cette offre avec un jour de retard et un dollar de moins, littéralement ».

En plus d’avoir pris cette décision tard, Uber a déclaré que le salaire minimum et les congés payés s’accumuleraient à partir du moment où une course est acceptée jusqu’au moment où le passager est déposé, et non pas pendant toute la période où les chauffeurs sont connectés à leur application, ce qui est normalement le temps de travail défini par la Cour suprême. D’après le syndicat, les chauffeurs pourraient ainsi manquer jusqu’à 50 % de leurs revenus potentiels.