L’agence de presse Reuters a pu s’entretenir avec plusieurs personnalités de l’industrie mobile, et une tendance inquiétante en ressort : la pénurie de semi-conducteurs s’apprête à frapper le secteur de plein fouet. En première ligne, Qualcomm rencontre de plus en plus de difficultés.
À l’annonce de ses derniers résultats trimestriels, le PDG de la firme, Steve Mollenkopf, affirmait qu’elle avait été freinée par la pénurie touchant aujourd’hui l’industrie, et il semblerait que la situation s’empire de jour en jour. Si un porte-parole de Qualcomm a réitéré les prédictions de ses dirigeants assurant qu’ils pensaient pouvoir atteindre leurs prévisions de ventes pour le deuxième trimestre fiscal, l’entreprise se trouve actuellement confrontée à trois problèmes distincts ayant une même conséquence : elle peine à suivre la cadence pour répondre à la demande toujours plus colossale de semi-conducteurs pour smartphones.
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Tout d’abord, Qualcomm doit faire face à la pénurie de composants pour les puces électroniques qui résulte de la hausse de la demande en hardware suite à la pandémie : alors que les gens ont été appelés à rester chez eux, beaucoup se sont rués vers ordinateurs, consoles et autres appareils. Dans le même temps, des usines ont dû stopper leur production afin de respecter les mesures de quarantaine et depuis, la situation ne fait que d’empirer et s’étend désormais au domaine des smartphones. Le mois dernier, le vice-président de Xiaomi, Lu Weibing, a déclaré sur Weibo : « Ce n’est pas une pénurie, c’est une pénurie extrême ».

La production de la puce Snapdragon 888, la plus récente de Qualcomm, serait affectée par pénurie. Image : Qualcomm
Le « cadre supérieur d’un important fabricant sous contrat pour plusieurs grandes marques de smartphones » a par ailleurs affirmé à Reuters que son entreprise était « confrontée à une pénurie d’une série de composants de Qualcomm et réduirait ses livraisons de téléphones cette année ». En outre, une personne de chez Samsung a déclaré que la pénurie rencontrée par Qualcomm affectait la production des modèles Samsung de milieu et de bas de gamme, tandis qu’une autre, travaillant chez un autre fournisseur, a confié que la puce flagship de l’entreprise, la Snapdragon 888, était elle aussi touchée par la pénurie.
Si Qualcomm rencontre autant de difficultés, c’est parce que l’un de ses principaux concurrents, Huawei, n’est quasiment plus dans la course à cause des sanctions américaines. Ainsi, l’entreprise doit en plus combler le manque de semi-conducteurs résultant de l’incapacité du géant chinois à en fournir. À cela vient s’ajouter la terrible vague de froid qui a frappé le Texas au mois de dévrier et entraîné d’importantes coupures de courant, forçant une usine de Samsung qui fabrique certains des émetteurs-récepteurs de radiofréquences de Qualcomm à mettre sa production en suspens.
Ces éléments réunis causent d’importants problèmes à Qualcomm, avec des clients qui, en réponse, se jettent sur les stocks disponibles et les réservent grandement à l’avance, créant à leur tour une pénurie. « Nous avons vu des composants dont le délai d’exécution est de six semaines, puis la semaine suivante, il est de dix semaines, puis une semaine plus tard, il est d’un an », a déclaré Fabien Gaussorgues, dirigeant d’une usine électronique en Chine. Pour l’heure, on ignore encore comment l’industrie va surmonter cette crise mais bonne nouvelle toutefois, les États-Unis et l’Empire du Milieu ont décidé de collaborer pour lui trouver une solution rapide.