Suite à un accord conclu entre le gouvernement espagnol et les partenaires sociaux, les plateformes de livraison de repas telles que Uber Eats, Deliveroo, ou encore Glovo vont désormais devoir salarier leurs livreurs à domicile.

Un accès aux protections sociales pour les livreurs

Depuis de nombreux mois, les livreurs à domicile espagnols dénoncent les conditions de travail précaires de leur profession. Du fait de leur statut d’auto-entrepreneur, ils ne profitent en effet pas des protections sociales offertes généralement aux salariés.

Face à cette situation, un accord conclu entre le gouvernement espagnol et les partenaires sociaux va introduire dans le Code du travail la notion de « présomption de salariat pour les travailleurs fournissant des services rétribués de livraison via des entreprises effectuant cette tâche grâce à un algorithme gérant le service ou les conditions de travail, à travers une plateforme numérique ». Yolanda Diaz, ministre du Travail, vient ainsi d’annoncer ce jeudi 11 mars 2021 que les livreurs de repas à domicile « sont désormais des salariés et pourront profiter de toutes les protections ». Les plateformes de livraison à domicile ont dès à présent trois mois pour se mettre en conformité avec le Code du travail.

Rapidement, Uber Eats, Deliveroo, Stuart, et Glovo ont réagi en publiant un communiqué commun dénonçant à travers cette nouvelle réforme un « salariat forcé (…) mettant en danger un secteur qui apporte 700 millions d’euros au PIB national ».

Deliveroo, Glovo et Uber Eats en Espagne devront salarier leurs livreurs.

Les entreprises de livraison à domicile comme Uber Eats, Deliveroo ou encore Glovo seront obligées de salarier leurs livreurs. Image : Ross Sneddon/Unsplash

Une première en Europe

À travers cette décision, l’Espagne devient le premier pays à légiférer sur ce thème au sein de l’UE. La Commission européenne, de son côté, commence à peine à se pencher sur la question en récoltant les avis des partenaires sociaux. Outre le statut des livreurs à domicile, celui des chauffeurs de VTC serait aussi en cours de réflexion à travers de nouvelles législations.

Certains acteurs tendent tout de même à faire bouger les choses en Europe. L’Italie a par exemple récemment obligé les plateformes de livraison à domicile à salarier plus de 60 000 livreurs sous 90 jours. À l’échelle française, Just Eat a décidé de revoir son modèle économique en embauchant des livreurs en CDI. La plateforme britannique a d’ailleurs annoncé en février 2021 vouloir salarier 4 500 livreurs dans l’année au sein de l’Hexagone.